L’hôtel qui m’emploie avait organisé un bal masqué. A la nouvelle, je n’avais pas perdu une seule seconde et m’étais empressé d’aller demander à Micah de m’accompagner. Elle avait accepté, pour mon plus grand plaisir. Le soir venu, je prends une bonne douche en rentrant du travail, avant d’enfiler une chemise blanche et un simple costume beige. Le loup obligatoire remonté sur mon crâne, je ressors une heure plus tard de mon bungalow, le sourire aux lèvres. Sur le chemin, je joue avec la boîte en écrin dans ma poche. Ce n’est pas une bague de fiançailles, non, mais un joli bracelet en argent, acheté quelques jours plus tôt, et qui j’espère, lui plairait. Mon maigre compte en banque en a pris un coup, mais je ne regrette absolument pas cet achat, parfait pour elle. Arrivé devant la porte de sa chambre, j’inspire à fond avant de frapper. « J’arrive ! » s’écrit-elle et la porte s’ouvre une dizaine de secondes après. Je frôle la syncope.« Wow… » Je n’arrive plus à parler devant la déesse qui me fait maintenant face. Micah est naturellement très belle, mais ce soir, c’est une merveille. Je cligne plusieurs fois des paupières pour m’en remettre avant de m’approcher d’elle et déposer un baiser sur son nez pour ne pas abîmer son joli rouge à lèvres. « Tu es magnifique. Et tout ça pour moi, je suis flatté, mademoiselle Pittsbury. Prête ? » Avant de la conduire jusqu’à la salle de réception au rez-de-chaussée, je lui tends l’écrin en souriant, légèrement nerveux. « Tiens, c’est pour toi. »

Je lui offre le bracelet après qu’elle soit allée récupérer son masque. Je trouve ça décevant qu’elle ait à cacher son visage pour le bal. Je ne me lasse jamais de l’admirer sous tous les angles, la trouvant à chaque fois un peu plus proche de la perfection. Micah ouvre l’écrin et découvre mon cadeau. « Woh … Il … Il est magnifique. » Je souris, satisfait. Après une hésitation, elle le prend et je l’aide à l’enrouler autour de son poignet. « Voilà, c’est parfait. » Elle me remercie et m’enlace. Mes bras entourent naturellement sa taille et je souris de plus belle. « On y va ? » me murmure-t-elle à l’oreille. J’acquiesce et cette fois, je n’y tiens plus et je l’embrasse. Avant de sortir de sa chambre, je vérifie tout de même que je n’ai pas de trace de rouge à lèvres, en riant. « La piste de danse n’attend que nous, chérie. Faut qu’on aille bouger nos popotins ! » Je l’entraîne jusqu’à l’ascenseur et lui adresse un grand sourire en attendant que les portes automatiques s’ouvrent et que l’on descende jusqu’à la salle de réception.

Je l’embrasse sur le sommet du crâne quand elle se colle à moi et ris à son commentaire. Nous sommes d’abord seuls dans l’ascenseur, puis au fur et à mesure que la machine descend, d’autres personnes, bien habillées, entrent à leur tour. Avant que les portes automatiques ne s’ouvrent, j’installe mon masque sur les yeux, et l’attache un peu maladroitement. Micah s’occupe de le remettre droit en chuchotant. « Caches ton beau visage, je n'ai pas envie d'avoir de concurrentes ce soir. » Je souris et lui rend son baiser. « Peu importe, je ne vois que toi, mon amour. » Je presse sa main et me laisse entraîner jusqu’à la salle de réception. Je n’en reviens pas devant le mal que se sont donnés les décorateurs pour faire de cette pièce, un super endroit, qui, d’ailleurs, me rappelle légèrement mon bal de promo. La piste de danse est déjà remplie, et les buffets regorgent de boissons et nourritures diverses. Je croise plusieurs de mes collègues et les salue d’un geste de la main avant de me tourner vers Micah et lui faire un baise-main. « M’accorderez-vous cette danse, belle demoiselle ? »

« Comment refuser l’invitation du plus beau gentleman ? » Je ris à mon tour et l'entoure de mes bras pour la serrer un peu plus contre moi. Je m'apprête à répondre une bêtise à son commentaire pour la faire rire quand une voix prononce mon nom. « Kyle ? C’est toi Kyle ? » Je me tourne vers la personne qui m'a appelé. Ses traits, pourtant cachés derrière un loup, ne me sont pas du tout inconnus. Les seuls doutes que je peux avoir sont balayés quand elle ajoute en souriant : « Bah oui c’est toi ! Et c’est qui celle-là ? Tu me la présentes ? » C'est Brooke. Ma meilleure amie. Ça ne peut être qu'elle. « Hé ! Salut ! » je lâche en souriant. « Fallait le dire que tu venais ! T'es superbe. » Je la serre hâtivement dans mes bras avant de me tourner vers Micah. Seulement, celle-ci a déjà ôté son masque et son air me fait perdre mon sourire : elle semble...presque sur les nerfs. Est-ce une démonstration de jalousie ou est-ce simplement moi qui m'imagine n'importe quoi ? Je relève mon loup sur mon crâne, les sourcils froncés. Ce changement d'humeur m'inquiète légèrement. « Euh...Brooke, voici Micahëlle, ma copine. Et Micah, je te présente Brooke. » Je joins un petit geste du bras, en pointant l'une et l'autre. Je reste content qu'elles se rencontrent enfin. Je suis sûr qu'elles s'entendront bien, malgré tout.  

Alors que je les ai présentées, l’une à l’autre dans l’espoir qu’elles tissent des liens, je ne fais que sentir une tension monter dans notre trio. Micah se serre contre moi, liant ses doigts aux miens un peu trop brusquement pour être un simple geste anodin. Je lui jette un regard furtif, inquiet. Son énervement soudain et maintenant ça, ne font que confirmer le fait qu’elle soit jalouse. Je ne voulais pas qu’elle le soit, il n’y avait rien à craindre. Quand Brooke m’annonça qu’elle était contente pour moi, je la remerciai avant de passer un bras autour des épaules de ma petite amie et l’embrasser sur le sommet du crâne. « Mon amour ? On va danser ? » me demande-t-elle en souriant. Je le lui rends mais secoue la tête pour refuser. Brooke vient à peine d’arriver, ce serait impoli de la laisser seule de cette façon. « Ma proposition tient toujours, chérie, mais plus tard. Brooke est avec nous ! » dis-je en bousculant amicalement ma meilleure amie du coude. « T’es venue seule ? Aucun charmant jeune homme n’a accepté de t’accompagner ? » C’est étrange, d’ailleurs, puisque Brooke est une belle femme, en plus d’être intelligente et de très bonne compagnie –malgré que son état mental laisse à désirer quelques fois : c’est qu’elle est tarée, cette fille.