L’heure de la pause déjeuner était arrivée à l’hôtel pour la majorité des employés. Certains ne faisaient que remplacer ceux qui pouvaient aller manger, d’autres se rendaient directement aux vestaires pour aller manger le goûter qu’ils avaient apporté pour leur pause, mais moi, je ne fis rien de cela. N’étant pas allée dans l’eau pendant la matinée parce que je devais encore prendre les choses légèrement suite à mon entorse, même si j’avais repris le travail – que je n’avais pas voulu arrêter, à vrai dire – je n’eus qu’à enfiler une robe de plage et des sandales par-dessus mon maillot de bain, et prendre mon sac avant de me rendre à un endroit bien précis, à savoir le hall d’entrée. Aujourd’hui, j’avais décidé de passer ma pause avec mon frère aîné, Kyle, à qui je devais soutirer beaucoup trop d’informations pour qu’il puisse se dérober. J’étais curieuse de nature, c’était plus fort que moi. Et puis, il y avait un bon moment de cela que je n’avais pas passé du temps avec lui en tête-à-tête. J’arrivai alors près du bureau d’un air déterminé, déterminé de kidnapper mon ainé pour la pause, et une fois qu’il fut libre, je me présentai, et avec un sourire juvénile aux lèvres, je lui dis : « Bonjour ! Je prendrais un Kyle Sullivan à kidnapper pendant sa pause, s’il vous plait ! »

« Putain, qu'est-ce que j'ai faim ! » lâchai-je en raccrochant le téléphone. Je venais de passer dix minutes à convaincre un client un peu loufoque que les toilettes de la salle de bain n'étaient pas sous caméra surveillance. « C'est bientôt ta pause, l'ours. Évite de bouffer les papiers, s'te plaît, en attendant. » me répondit mon collègue. Je me mis à secouer faussement les épaules pour faire semblant de rire. « Quel humour ! » dis-je en me baissant pour ramasser un stylo tombé du comptoir. « Bonjour ! Je prendrais un Kyle Sullivan à kidnapper pendant sa pause, s’il vous plait ! » A l'entente de la voix, je me redressai vivement. C'était ma petite soeur, toute souriante, comme à son habitude. « Il est devant vous, chère madame, et prêt à l'emploi. » Elle m'emmenait manger, oh dieu merci, je pouvais me casser de là et remplir mon ventre. Je saluai rapidement mon collègue avant de contourner le comptoir et rejoindre Maïke pour la serrer dans mes bras. « Je suis content de te voir. » Cela faisait longtemps qu'on ne s'était pas retrouvés tous les deux en tête à tête. Qu'elle ai pensé à moi pour ce midi me rendait soudainement plus joyeux. « Où est-ce qu'on va ? »

Je fus plus que ravie de voir que mon frère ne semblait même pas hésiter à l’idée de venir manger en ma compagnie. Cela aurait pu arriver, après tout, compte tenu que je ne l’avais pas du tout prévenu que je viendrais l’enlever pour la pause déjeuner, il aurait très bien pu me dire qu’il avait autre chose de prévu, ou bien qu’il n’avait pas envie, tout simplement. Je n’aurais pas pu le forcer en quoi que ce soit, mais visiblement, je ne le forçais pas d’aucune façon, parce qu’après m’avoir dit, ou plutôt, sous-entendu, qu’il était là et qu’il viendrait, il contourna le comptoir, me prenant dans ses bras en me disant qu’il était content. Tout en lui rendant son étreinte, je lui dis : « Moi aussi ! Ça fait plaisir que tu puisses venir avec moi ! » Sur ces mots, je me décalai légèrement, regardant mon aîné avec un petit sourire. Je me retenais en fait de sautiller comme une gamine, réellement contente de pouvoir passer du temps avec mon frère, parce que j’avais l’impression que j’avais de nombreuses choses à rattraper avec lui. Je ne savais pas si je pourrais le faire dans l’espace d’une pause, mais je pourrais certainement discuter un peu plus qu’au passage comme ça quand je le croisais sur mes heures de travail. J’avais déjà planifié un petit quelque chose pour que nous puissions parler tranquillement, petit quelque chose que je lui proposai lorsqu’il me le demanda alors que je lui disais : « Un petit resto, ça te dit ? C’est moi qui invite cette fois-ci ! »

J’étais content de passer cette pause avec Maïke et apparemment, elle aussi.  Je lui demandai alors où est-ce qu’elle désirait aller, si elle avait une idée derrière la tête. « Un petit resto, ça te dit ? C’est moi qui invite cette fois-ci ! » Je souris jusqu’aux oreilles et lui prit la main. « Génial ! Allons-y avant que je fasse un malaise. » Je ne précisai pas que je n’avais pas l’intention de la laisser payer toute l’addition, à la fin. Ce serait la surprise de fin du repas gastronomique.

Souriant, je demandai une table pour deux à l’hôtesse d’accueil, qui était également une amie. Elle nous conduisit dans un petit coin tranquille de la salle et je tirai, tel un gentleman, la chaise qui allait accueillir le derrière de ma petite sœur. Le menu dans les mains, je sautillai, impatient de manger. « Alors, quoi de beau ? » demandai-je en même temps que je choisissais mon plat.

Ravie que mon idée plaise à mon frère, je ne le me fis certainement pas prier pour le suivre lorsque celui-ci me prit la main et qu’ainsi, nous nous dirigeâmes vers le restaurant le plus près, comme deux gamins qui entrent à la maison après avoir passé une matinée complète à jouer à l’extérieur. Franchement, cela ne me gênait pas, j’adorais ces petits moments où j’avais encore l’impression d’être une gamine. Ce n’était pas parce que je regrettais le présent, bien loin de là, mais c’était parce que cela me rappelait que je n’avais jamais perdu ce contact particulier avec ma famille, avec mon frère, et franchement, cela me faisait chaud au cœur, même lorsqu’il était question de petites banalités de ce genre. Au bout de quelques mètres de marche, nous arrivâmes au restaurant, et heureusement, nous pûmes avoir une table sans patienter, à croire que les clients ne commençaient pas à affluer pour le moment. Une fois à la table, je n’eus pas nécessairement l’occasion de choisir ma place, compte tenu que Kyle s’affaira à me tirer une chaise, tel un véritable gentleman. Surprise et amusée, je dis, avec un air un peu pompeux : « Oh, merci monsieur ! » avant de prendre place et jeter un coup d’œil au menu, bien que j’avais déjà une excellente idée de son contenu, étant une habituée de la place. Pour cette raison, je n’hésitai pas à regarder mon frère lorsqu’il me demanda quelque chose, lui répondait aussitôt : « Oh… Pas grand-chose, et toi ? », considérant que ce n’était pas vraiment le moment de lui raconter ma vie dont il connaissait probablement déjà les grandes lignes, d’autant plus que j’étais persuadée qu’il avait beaucoup plus à me raconter, ou du moins, je l’espérais.

Alors que je lui tirai la chaise, Maïke me remercia avec une voix digne des plus grandes bourgeoises. Amusé, je lui fis une révérence avant de m’installer à mon tour. Mon ventre grognait et je tapotai dessus en lui signalant que la nourriture arriverait bientôt. Je feuilletai le menu d’un air sérieux, concentré sur tous les noms de plat écrient sur les pages. « Oh… Pas grand-chose, et toi ? » J’avais tellement de choses à lui dire, à lui avouer. Micah, mon désir de reconversion, mes peurs, les défis que je m’étais donné. A vrai dire, je ne savais absolument pas par quoi commencer. Je ne peux cependant pas me défiler, Maïke est du genre têtu. « Tu connais cette fille ? Micahëlle Pittsbury ? » Autant commencer par le plus gros. Et puis connaissant ma sœur, je ne souhaitais pas recevoir le contenu de son assiette en pleine figure en guise de punition parce que je ne lui ai rien dit plus tôt.

Kyle n’y alla pas de main morte quand je lui demandai ce qu’il se passait de nouveau dans sa vie. Non pas qu’il me fit un long monologue en me racontant toutes les journées pendant lesquelles nous ne nous étions pas vus en détails, allant du lever au coucher, voire même aux rêves qu’il avait faits, mais plutôt que de simplement me raconter un truc, il me posa une question, entrant dans le vif du sujet sans introduction, rien du tout. Son approche me choqua dans un premier temps, mais je ne m’en montrai pas offensée, je ne pouvais pas m’en montrer offensée. Pourquoi ? Parce qu’il aborda pile le sujet dont je voulais lui parler, mais que je n’osais pas mettre sur la table, pas maintenant, d’autant plus que techniquement, je ne devais pas savoir, et j’ignorais si Kyle avait eu vent du fait que Micahëlle et moi nous nous étions parlées au téléphone. Cela m’étonnerait, puisqu’aux dernières nouvelles, ils ne s’étaient pas encore revus depuis l’histoire que Micahëlle m’avait racontée. Tentant alors de garder mon calme, bien que j’étais plus que curieuse de savoir ce que mon frère allait en dire, je lui dis : « Micahëlle la sœur de Noàm ? Oui, je la connais, pourquoi ? » Malgré tous mes efforts, un sourire en coin apparut sur mes lèvres, et je le laissai là, espérant qu’il faisait plus ou moins naturel dans la situation actuelle.

Maïke me répondit par la positive, et je n'en fus même pas étonné. A vrai dire, je m'en doutais, étant donné que notre sœur aînée avait eu une relation avec le frère de Micah. Maïke affichait un petit sourire et je levai le menu de façon à me cacher le visage. J'étais plutôt direct et franc, mais je ne voulais pas croiser son regard en lui annonçant la bonne nouvelle. Etre amoureux rendait vraiment con, et j'en faisais actuellement les frais. « C'est ma tendre et douce petite amie. » Je ne savais pas si elle m'avait entendu, planqué derrière la carte mais peu importe. Je réprimai un rire avant d'annoncer. « Je vais prendre les pâtes à la carbonara. » J'ai conscience que je passe d'un sujet à un autre mais je n'ai pas envie de m'attarder là-dessus, étant donné que c'est ma petite sœur et que je serai capable de lui expliquer jusqu'au moindre détail ce qui me plaît chez Micahëlle. « Au fait. T'as récupéré ton boulot ? Je crois que j'ai perdu le fil de l'histoire. »

Mon sourire devint soudainement plus large lorsque Kyle m’annonça officiellement que Micahëlle était en fait sa petite amie. Contrairement à ce qu’on aurait pu penser, je ne bondis pas au plafond, je ne hurlai pas, mais cela ne voulait pas dire que je n’étais pas heureuse pour mon frère, ce que je prouvais montrer par mon air ravi, même si je n’étais pas certaine qu’il puisse le voir vu qu’il s’était caché comme un gamin derrière son menu. C’est ce qui expliqua pourquoi je ne réagis pas plus que cela, d’autant plus que j’avais déjà eu des échos de cette histoire, et que je ne pouvais qu’être contente du fait que tout semblait se mettre en ordre entre les deux. J’appréciais Micahëlle, malgré nos disputes passées, alors je n’allais certainement pas me plaindre de la voir dans la famille un peu plus. Une fois la surprise passée, j’aurais voulu demander plus de détails à mon cher frangin, mais celui-ci avait déjà détourné le sujet de discussion en me disant ce qu’il allait prendre. Ce ne fut pas ça le pire, limite, ça passait, cette affirmation. Le pire, c’est quand il me demanda si j’avais récupéré mon boulot. Je demeurai légèrement étonnée, puis je ne pus m’empêcher de laisser échapper un léger rire tandis que je lui disais : « Kyle. Je l’ai récupéré il y a presque six mois de cela. Ne me dis pas que tu ne te souviens pas qu’on bosse dans le même complexe, quand même ! » Je roulai les yeux au ciel d’une façon légèrement exagérée, histoire de me moquer un peu de mon frère, puis je reportai mon regard en sa direction, et je dis : « Tu ne t’en sauveras pas, tu sais ? Allez, balance la sauce. Ça fait combien de temps ? » Je trouvais que je commençais quand même doucement. Il y a tant de questions qui me passaient à l’esprit, et je ne lui en posais qu’une, j’étais gentille quand même, non ?

Caché derrière mon menu, j’entendis Maïke rire avant de me répondre : « Kyle. Je l’ai récupéré il y a presque six mois de cela. Ne me dis pas que tu ne te souviens pas qu’on bosse dans le même complexe, quand même ! » Ah ouais, merde. La honte. Certes,  je n’étais vraiment pas au courant que ma sœur avait pu reprendre son job, car, pour être honnête, je n’avais pas suivi la fin de l’histoire, trop préoccupé par mes problèmes sentimentaux. J’avais failli à ma mission de grand-frère et  à cet instant, je me sentais ridicule. « Félicitations ! » dis-je tout de même en faisant mine de trouver ça normal. Juste au moment où je baissai la carte de mon visage, je vis Maïke rouler des yeux avant de me fixer à nouveau. « Tu ne t’en sauveras pas, tu sais ? Allez, balance la sauce. Ça fait combien de temps ? » Je lâchai un rire avant croiser les bras sur la table. Tant pis, j’aurais essayé. « Trois semaines. Peut-être plus. Après des mois, et des mois d’attente. » dis-je en exagérant une grimace triste. « Mais elle vaut cette patience. Micah est géniale. » Penser à elle me fit immédiatement sourire bêtement. Mon dieu, Kyle, tu deviens niais. « C’est tout ? » demandai-je à ma petite sœur, dont la curiosité était plus grande que celle de l’humanité réunie. « Plus de questions ? »

Apparemment, malgré les évidences, Kyle ne se souvenait clairement pas que j’avais récupéré mon emploi, vu la réaction qui eut lorsque je lui annonçai, ce qui me fit légèrement froncer les sourcils pendant un instant. Toutefois, je ne lui en tins pas rigueur, beaucoup trop intriguée de savoir ce qu’il aurait à me dire concernant Micahëlle et sa relation avec elle. J’espérais sincèrement qu’il allait ajouter quelques détails au-delà de la question que je lui avais posé, parce que mine de rien, je voulais tout savoir, purement et simplement, non pas que je voulais me taper complètement l’incruste dans la vie amoureuse de mon frère aîné, mais parce que j’étais contente pour lui et, on ne se le cachera pas, c’était si mignon, les histoires d’amour toutes neuves ! À ma plus grande satisfaction, il se perdit quelque peu dans ses explications, m’expliquant que même s’ils étaient en couple, cela faisait plusieurs mois qu’ils se tournaient l’un autour de l’autre, mais que ça avait valu le coup. À ce moment, un petit sourire attendri apparut sur mes lèvres tandis qu’il poursuivait son récit, et il resta sur mon visage tant et aussi longtemps qu’il me demanda si j’avais d’autres questions. À ce moment, je ris légèrement, et je dis sans hésiter : « Tu crois que je vais te laisser t’en tirer comme ça ? » J’attendis un instant, histoire de retrouver quelque peu mon sérieux, puis j’ajoutai : « Non mais tu me connais. Je veux tout savoir ! Ai-je besoin de te poser des questions pour que tu me racontes ? »

La réaction de ma sœur ne se fit pas attendre. Avec un sourire en coin, je l’écoutai me reprocher qu’elle voulait tout savoir et que, bien entendu, je n’avais pas besoin de me faire questionner pour le faire. « D’accord, d’accord ! » dis-je en m’esclaffant et en levant les bras en signe d’abandon du combat. « Mais avant la grande histoire, permet-moi de commander notre nourriture. » Je fis signe à une serveuse qui s’avança directement vers nous et annonçait le nom de mon plat, avec un Coca Zéro. Je laissai ensuite Maïke s’occuper d’elle avant de sourire à la serveuse et me reconcentrer sur ma petite sœur. « Bien. » lâchai-je pour commencer. « On va passer l’histoire de la rencontre, tout ça parce que ce ne sont pas les meilleurs moments. » Je remis mes couverts droits dans un geste nerveux. « En fait, début Janvier, je l’ai aperçu dans le hall d’entrée pendant le boulot et j’ai tenté de l’inviter prendre un café mais, elle m’a légèrement envoyer me faire voir ailleurs. Peu après, elle s’est vautrée sur le sol et j’ai dû jouer au pompier charmant pour la soigner. Finalement, on est allés boire un café mais c’était tellement étrange que j’ai coupé court au rendez-vous. Elle m’a embrassé puis, elle est partie. » Je repris ma respiration et adressa un sourire à Maïke en me rendant compte que je m’étais un peu perdu dans mes pensées. « Après environ des mois de silence, je l’ai retrouvé à ma porte. Elle avait bu mais, on a beaucoup parlé. Ensuite…et bien, tu ne veux sûrement pas savoir. » je conclus avec un sourire en coin et un sourcil levé.

J’eus un sourire un peu espiègle et malicieux lorsque Kyle ne sembla pas protester à l’idée de tout me raconter, sûrement parce qu’il savait que si jamais il n’acceptait pas de coopérer, je ne le lâcherais pas tant et aussi longtemps qu’il ne craquerait pas. Maintenant satisfaite parce que je saurais absolument tout, je ne protestai pas lorsque Kyle voulut commander son repas avant de commencer son récit, parce que moi aussi, j’avais faim je devais l’avouer. Je laissai mon frère passer sa commande en premier, et je fis ensuite de même, choisissant le « spécial du chef », comme j’aimais bien le faire de temps à autre, parce que je ne savais jamais ce qui allait sortir. N’étant pas difficile, ça pourrait être intéressant, surtout qu’en ce moment, je n’avais aucune restriction alimentaire. Je choisis d’accompagner mon repas d’une limonade fraiche, refermant ensuite mon menu pour le remettre à la serveuse, que je remerciai poliment avec un sourire. Puis, sitôt qu’elle eut tourné les talons, je me concentrai sur mon frère, attendant qu’il me dise tout. Sans dire un mot, je l’écoutai alors tout me raconter, ayant tantôt un air choqué, tantôt un petit sourire, selon le fil de l’histoire, puisqu’en fait, c’était la première fois que je l’entendais. Je m’assurais de ne pas manquer aucun détail. Puis, Kyle marqua une pause dans son récit, probablement pour reprendre son souffle, mais je ne dis rien, me doutant bien que ce n’était pas ainsi que leur histoire avait réellement commencée. Comme de fait, mon frère poursuivit son récit, et je compris que c’était ce fameux soir qu’il décrivait que tout avait changé. Lorsqu’il coupa court pour censurer la fin de son histoire, je fis un petit sourire, pouvant deviner ce qu’il ne souhaitait pas dire. Je laissai un petit silence de quelques secondes passer, et je dis finalement : « Non, je ne veux pas savoir, mais je peux deviner. » Mon sourire se fit un peu plus évident pendant un instant, puis j’ajoutai : « En tout cas, si vous êtes heureux ensemble, moi je suis contente pour vous deux. » J’étais sincère quand je disais cela, mais après, je ne pouvais certainement pas laisser mon frère s’en sortir sans passer un commentaire un peu plus plaisantin, d’où le fait que je lui dis par la suite, un peu plus moqueuse : « Tu comptes la présenter quand à papa et maman ? »

Juste après la fin de mon monologue, la serveuse revint avec mon verre de coca et la limonade de ma sœur, qu’elle posa sur la table en face de chacun. Je la remerciai d’un sourire avant de faire de même envers Maïke qui m’annonçait sa bénédiction pour mon nouveau couple. « Tu comptes la présenter quand à papa et maman ? » Je lâchai un rire puis bu une gorgée de mon soda avant de répondre : « Pour l’instant, c’est pas très pressant. Je ne veux pas l’effrayer en allant trop vite. » Je m’appuyai sur mes bras croisés sur la table, les yeux fixés sur le verre de ma sœur. « Tu sais, je vais peut-être avoir l’air complètement niais en disant ça mais… » dis-je en me mordillant légèrement la lèvre. « Je crois que Micah est la bonne. Je l’espère en tout cas. » Il ne fallait pas que je fasse le con, je me l’interdisais. En relevant le regard sur ma cadette, je lui adressai un sourire. « Enfin. Comment va James ? Et mes neveux chéris ? » Cela faisait quelques  temps que je ne les avais pas vu et ils me manquaient tous. « Faudrait que je passe chez toi, un de ces jours ! »

Me doutant bien que Kyle n’allait pas me dire qu’il voudrait présenter Michaëlle à nos parents demain matin, je ne passai pas de commentaire lorsqu’il me dit qu’il ne voulait pas se presser, gardant simplement mon sourire, montrant ainsi que je respectais sa décision, sachant moi-même à quel point cela pouvait être stressant de présenter l’être aimé à ses parents. Toutefois, si je m’étais abstenue de tout commentaire dans un premier temps, je ne pus m’empêcher de lâcher un : « Oh ! C’est trop mignon ! » au moment où mon aîné me dit qu’il croyait que la jeune femme pour qui son cœur battait était la bonne pour lui. Puis, voyant à quel point Kyle semblait gêné de cela, je repris un peu mon sérieux avant d’ajouter : « Je l’espère pour toi aussi, alors. » Après, j’aurais bien voulu poursuivre sur ce sujet, mais l’orgueil de mon frère ne me le permit pas; celui-ci changea aussitôt de sujet, le ramenant à ma propre personne et à ma petite famille pour être plus précise. Je ne pus m’empêcher de rire légèrement avant de lui dire : « Tout le monde va très bien ! » Cependant, même si je savais pertinemment qu’il disait cela pour se sauver de la discussion sur sa vie amoureuse, je dus lui donner raison sur un point; il faudrait qu’il passe un jour, puisque cela faisait longtemps qu’il n’avait pas vu mes enfants. Ayant soudainement une idée derrière la tête, je dis : « En effet ! Ou sinon, si tu veux, après le repas, on peut toujours aller leur payer une visite au club des petits, ils y sont pour la journée ! »