J’étais toute excitée à l’idée de retrouver celle que je considérais comme une sœur, jugeant que cela faisait trop longtemps que nous ne nous étions pas fait de soirée filles. J’enfilais un jogging et un t-shirt un peu large, comme  je les aimais tout en disposant des plaids et des DVDs sur la table de ce qui servait de coin salon lorsque j’entendis toquer à la porte. Légère, je me dirigeais vers ladite porte et ouvrit pour découvrir une Shay toute chargée. Je la laissais s’avancer, et dis « Je te laisse poser tout ça dans le coin cuisine ! On va mettre les trucs au frais et après je te fais un câlin de sœur qui m’a trop manquée ! ». J’étais consciente j’avais un peu l’air d’une gamine mais c’était plus fort que moi. Je souris en voyant la bouteille d’alcool, sentant que le niveau risquait de baisser d’ici la fin de soirée. Je lui souris gentiment avant de dire « Comment tu vas depuis le temps ma chérie ? »

Je laissais Shay et déposer ses affaires. Elle savait où chaque chose allait, par conséquent je la laissais faire, m’évitant ainsi que de la diriger et dire où chaque allait. Lorsqu’elle me prit dans ses bras, je lui rendis son étreinte et dis « On peut dire que ça va aussi, je vivote comme une larve tout en arrivant à rendre mes articles donc ça ne peut qu’aller ! ». Je rigolais doucement, me doutant qu’elle ne ça devait pas être la même considérant que nous n’avions pas le même métier et qu’elle avait un agenda assez chargé sachant que nous arrivions à peine à nous croiser pour prendre des nouvelles l’une de l’autre.

Je savais que Shay allait faire comme chez elle, c’est pourquoi je me dispensais de lui dire le basique « fais comme chez toi », nous permettant ainsi d’aller droit au but, sachant que nos instants ensembles étaient tellement rares que lorsque ça arrivait je ne voulais pas qu’on s’embarrasse de politesses inutiles. Lorsqu’elle me demanda ce que je nous avais concocté, je me dirigeais vers la table de salon d’où je sortis plusieurs DVD, des dessins animés comme des films à l’eau de rose. Je souris en lui montrant et dis « Alors, j’ai Raiponce, Lettres à Juliette, Valentin’s Day, et plein d’autres. ». J’attendis une réponse sur quel film elle voulait qu’on passe notre soirée à se goinfrer et se raconter nos petites vies loin l’une de l’autre. Lorsqu’elle me demanda ce que je devenais, je dis « Je bosse, je fais tout pour réussir à vivre. Je deviens ce que j’ai voulu, une journaliste qui vit pas avec des masses mais assez pour survivre aux Bahamas ! Et toi alors, madame l’architecte très demandée ? ».

Sa réaction vis-à-vis de Raiponce me fit rire, de la voir si enthousiaste me faisait du bien, et je répondis avec plaisir à son clin d’œil. Je la regardais se servir son verre d’eau, contente qu’elle se sente à l’aise pour ne pas demander tandis que j’installais le DVD dans le lecteur permettant ainsi que tout charge et d’éviter de se taper les pubs. Et aussi pour qu’on puisse prévoir si pour une raison ou pour une autre mon lecteur ne marchait pas. En effet, en m’y prenant maintenant j’évitais qu’on le découvre en étant bien calées sous nos plaids, sentant que la soirée allait consister à ingurgiter de la glace et de la vodka en ne bougeant pas. Une soirée comme je les aimais. La proposition de Shay me surpris, et je ne pus m’empêcher de me sentir flattée qu’elle me propose ça à moi, sachant que son cabinet était tout de même assez réputé, cependant, voyant qu’elle semblait me faire confiance bien que ce ne soit pas vraiment ma spécialité, la publicité j’entends. Je lui souris en lui disant « Je ne suis pas une grande publicitaire, mais je verrais ce que je pourrais faire ! Pour être honnête c’est la première fois qu’on me demande ça, donc je ne te garantis pas un résultat digne d’une pro, j’espère simplement que je ne te décevrai pas ! » et je souris ne pouvant m’empêcher d’afficher une mine désolée.

Ce que me dit Shay me touche au plus haut n’étant pas habituée à ce que l’on me fasse confiance comme ça. Sentant que l’idée lui tient à cœur, je ne peux m’empêcher de hausser les épaules à mon tour et sentir mon visage se fendre en deux avant d’ajouter « Alors ce sera un plaisir de travailler avec vous, très chère. », avant de tendre la main formellement afin d’échanger une poignée de main solennelle. Après quelques secondes, je ne peux m’empêcher d’ajouter « Ça me touche réellement que tu aies pensé à moi. », et de sourire presque timidement. En la voyant farfouiller, je me demandais ce qu’elle allait sortir, jusqu’à ce que je reconnaisse une carte que je ne connaissais que trop bien. Je hochais la tête en guise d’approbation avant d’ajouter « ce soir c’est la soirée sans complexe où on prend dix kilos ! », bien que je sois loin d’être une adepte des régimes et tout ce qui se rapprochait du fait de surveiller sa ligne, même si je n’étais pas contre un jogging dominical pour bien terminer la semaine ; assignant ceci plus à du divertissement qu’une contrainte.

La requête de Shay me fit tellement plaisir que je commençais presque à sentir les larmes me monter aux yeux, néanmoins, ce soir, l’ambiance était légère, joyeuse, c’est pourquoi je me contentais de sourire, enlever avec distinction les larmes ma chatouillaient les paupières. Je rigolais lorsqu’elle me demanda si je pensais qu’elle avait d’autres personnes qu’elle considérait comme sa petite sœur, ce à quoi je répondis « De toute façon si tu en as une autre je vais lui briser les deux jambes », avant de sourire comme un ange. Je conservais la carte de la pizzeria dans les mains, la faisant passer entre mes doigts pour les occuper. Encore une fois, je ne pus m’empêcher de rigoler en l’écoutant me dire qu’ils fallait qu’on grossisse, je souris et dis « Je veux faire 100 kilos tant que je m’amuse ! » avant de regarder rapidement la carte pour choisir ce que je voulais manger. Un nom attira mon regard, et je compris alors que c’était celle-ci que je voulais et pas une autre, et dis « Je veux celle avec plein de fromage qui pue ! » et de sourire comme une grosse, fière de mon coup.

Visiblement, je n’étais pas la seule à être un peu émotive en ce moment de déclaration d’amitié, puisqu’à mon tour je décelais ce qui semblait être des larmes chez mon amie. Appréciant le fait qu’elle ne relève pas, je fis de même et souris alors pour montrer que tout allait bien, que j’étais heureuse qu’elle soit ici ce soir  à mes côtés. Je l’écoutais passer commande tout en levant le pouce en l’air pour lui signifier que la suivais dans sa démarche, bien que ce ne soit pas comme si elle avait marché sur la Lune ou autre ; au moins je n’avais pas eu à le faire, moi qui détestais parler au téléphone, que ce soit pour une commande ou à une amie. La proposition de Shay quant à l’ouverture de la bouteille me fit sourire, et je savais la connaissant, je n’avais pas besoin de confirmer quoi que soit, elle serait assez à l’aise pour se servir elle-même. Je ne fus pas déçue lorsqu’elle arriva pour nous servir chacune un verre. Me sentant comme l’invitée, je sentis une petite gêne qui fut bien vite chassée par la question de mon amie. Pour commencer, je levais mon verre et dis « à la tienne, et à nos retrouvailles ! », avant de trinquer et boire une gorgée que je sentis descendre le long de ma gorge. Puis j’enchainais, pour répondre à sa question « oh ! je ne t’ai pas présenté mon nouveau chéri ?! », avant de me retourner et lui montrer le coussin que j’avais calé sous mon dos, de le serrer sur ma poitrine et ajoutais « et toi alors ? », toujours avec le sourire.

Je laissais mon amie faire, après tout, elle me connaissait tellement qu’elle savait pertinemment que j’allais râler si je devais téléphoner, c’est pourquoi je ne m’empressais pas de lui faire remarquer qu’elle faisait comme chez elle. De plus, j’étais la première à lui avoir dit qu’elle devait se sentir à l’aise, j’étais donc contente de voir qu’elle prenait mes paroles au mot. Je souris en trinquant avec elle avant de m’en faire descendre une bonne gorgée dans la gorge, tout en guettant la réaction de mon amie. Contente de voir que ma blague avait fait son petit effet, je me mis à sourire bêtement, néanmoins, ce dernier me quitta aussitôt que je la vis rougir. Alors il y avait quelque chose qu’elle ne m’avait pas encore dit ? Cependant, je ne dis rien et attendis de voir où elle venait en venir. Lorsqu'elle me parla d’un certain Connor, je n’étais pas totalement sûre de savoir de qui elle parlait, c’est pourquoi j’accueillis avec plaisir la petite indication qu’elle ajouta. Soudain, je me rappelais qui c’était, même si je ne l’avais jamais rencontré, elle m’en avait tellement parlé qu’il était évident qu’elle ressentait plus que de l’amitié pour lui, et j’étais ravie que les choses aient un peu évolué entre eux. Par contre, je n’étais pas totalement sûre de ce qu’il se passait, puisqu’elle ne me l’avait pas clairement dit, c’est pourquoi je ne pus retenir un «depuiiis ? » suspensif lui faisant comprendre que je voulais plus d’informations croustillantes.

Je suis réellement contente pour mon amie, après tout, chacun peut prétendre au bonheur et à l’amour, et savoir qu’elle a trouvé tout ça m’enthousiasme sincèrement. Visiblement, elle a plus de chance que moi, ce qui n’est pas difficile, à vrai dire. Néanmoins, je ne veux pas pourrir nos retrouvailles avec mes états d’âmes, après tout, c’est moi qui ai merdé en épousant le mauvais gars, pour ensuite le tromper avec son meilleur ami, par conséquent, dans cette histoire, c’est moi la salope, c’est pourquoi je n’ai pas le droit de me plaindre, surtout que Shay sait ce que c’est d’être trompée, et serait donc totalement en droit de me balancer à la figure le mal que j’ai fait à Sawyer, c’est pourquoi je laisse tout ceci en suspens, avant de dire « Je suis ravie pour toi ma belle, sincèrement », compatissante avec la main sur le poignet de mon amie. La voir avec ce sourire me donnait aussi envie de sourire, et pensant que rien ne m’en empêchais, je souriais aussi à mon tour, moins niaisement cependant. Lorsqu’elle lança la proposition d’aller chercher les pizzas, je regardais l’écran de mon téléphone pour voir l’heure, et finis dans un cul sec mon verre de vodka, ne voulant pas la boire chaude en revenant. Je me levais du canapé, pris mon sac à main et dis « Je te suis ! ».

Ca me faisait sincèrement plaisir de voir Shay comme ça. En vérité, ce qui me faisait le plus rire, c’était de voir à quel point elle avait besoin de le montrer, c’est pourquoi je ne me retenais pas de lui montrer que si elle était heureuse, alors je l’étais aussi. Lorsqu’elle me demanda si j’avais peur que mon verre s’envole, je soufflais du nez en guise de rigolade et dis « - Non, c’est juste qu’elle va réchauffer, et j’aime pas la vodka chaude… ». En effet, on reconnaissait bien la fêtarde que j’étais avec ses petites habitudes, bien que je me sois calmée depuis quelques temps. J’avais arrêté de passer mes soirées en boîte à me saouler pour ensuite finir avec quelqu’un que je ne connaissais absolument pas. Je ne sais pas si c’était le fait de vieillir, ou quoi, mais j’avais envie de me poser et de ne plus vivre comme une gamine de 20 ans. Certes je n’avais que 26 ans, mais lorsque je regardais mes amis du même âge, ils étaient tous mariés, en couple et/ou avec des enfants, tandis que moi j’étais la meuf désespérée de la bande, et cette situation commençait sérieusement à me peser. Cependant, je voulais oublier mes états d’âme alors que j’étais avec mon amie, c’est pourquoi je continue de sourire en allant chercher nos pizzas. Je me sentis rougir lorsque le pizzaïolo me fit un compliment et rentrais rapidement chez moi, comme pour me cacher, cependant, c’était sans compter sur mon amie qui avait entendu comme moi. Elle me proposa de sortir avec lui, et je me remis à rougir. Assise sur le canapé, je posais le carton sur mes genoux avant de me rendre compte que je n’avais pas pris de couteaux. J’en sortis un aussi pour mon amie et allais la rejoindre sur le canapé. Je me remis dans la position précédente et dis « - La vérité c’est que j’ai pas vraiment oublié quelqu’un que j’ai laissé à Londres. Pour ne pas dire pas du tout, et j’ai un peu de mal à passer à autre chose. ». Je me doutais qu’elle allait me parler de mon mari, Sawyer, même si c’était de quelqu’un d’autre auquel je pensais. En effet, je n’avais jamais parlé de Gayle à qui que ce soit, de peur de passer pour une salope qui trompait son mari, surtout à Shay qui s’était fait tromper auparavant. La vérité, si je lui avais dit ça, c’était parce que j’avais envie de lui parler, sachant qu’elle m’avait toujours tenue au courant de ses amours, et de ses histoires de cœurs ; je trouvais irrespectueux de ne pas me confier à elle. /div>

Je savais que cette conversation allait avoir lieu un jour. Je savais qu’un jour ou l’autre, j’aurais à avouer que j’ai trompé mon mari avec son meilleur ami. Et visiblement, c’était ce soir que j’allais devoir avouer que oui, j’ai été une salope pendant trop longtemps, ce qui explique mon retour chez moi. En effet, si je n’avais pas trompé Sawyer, j’aurais divorcé à l’amiable, et surtout serait restée à Londres, là où je considérais que ma vie était. Sentant que la discussion n’allait pas être courte, je posais ma pizza sur la table de salon avant d’annoncer, honteuse : « - Tu… Tu as loupé un épisode… Enfin, plutôt je ne te l'ai jamais raconté. ». Je ne savais pas comment formuler ça sans passer pour une fille qui sautait sur tout ce qui bougeait. Je me sentais trop mal pour lui balancer de but en blanc que j’étais tombée amoureuse du meilleur ami de mon mari. C’était ça, la raison de mon départ ; j’étais bêtement tombée amoureuse quand lui pensait simplement à passer du bon temps avec moi. Voilà aussi pourquoi j’avais honte : je me sentais terriblement stupide. J’inspirais un grand coup, me servit un shot de vodka que je bu cul-sec et dis « - J’ai trompé Sawyer avec Gayle. Son meilleur ami. Et… ». Je ne pus terminer ma phrase, ma voix se brisant à cet instant. Je ne voulais pas avouer tout haut ce que je ressentais pour le jeune homme, sachant que même si j’avouais, je l’avais perdu, donc ça ne servait pas à grand-chose. La seule solution possible était de passer à autre chose, c’est pourquoi ça ne servait à rien de tout avouer. Le passé reste le passé, point. J’essuyais mes yeux du revers de la main avant de mordre sur une part de pizza coupée au préalable.

Je ne savais pas dans quoi je m’étais embarquée. Pourquoi avait-il fallu que je balance ça ? Je ne m’attendais pas à autant de ressenti de ma part en évoquant Gayle. Lorsqu’elle me demanda quel était le nom de l’homme, je sentais une pointe d’amertume dans sa voix, et je comprenais tout à fait sa réaction, après tout, elle avait été elle-même une victime de l’adultère. Je répondis donc, doucement : « - Oui, Gayle. ». Puis, elle posa la question qui me tua sur place, à savoir pourquoi il ne m’avait pas suivie. Là-dessus, je sentis les larmes me monter aux yeux, chose que je masquais le plus possible. Après tout, c’était moi la fautive dans cette histoire, je n’avais pas le droit de faire ma victime alors que j’étais celle qui avait tout foutu en l’air. J’aurais aimé passer à autre chose, néanmoins, je me devais de répondre à mon amie, c’est pourquoi je la regardais, l’air grave, en lui expliquant : « - Je suis tombée amoureuse de lui, quand je n’étais qu’une tentation, une façon de vivre dangereusement pour lui. Je suis partie du jour au lendemain, sans prévenir personne. J’ai fuis, j’ai tout laissé derrière moi : Sawyer, Gayle. ». Je baissais la tête, comme pour me ressaisir, me cacher. Je n’étais pas excusable, je le savais, et je n’essayais pas de l’être, mais je me sentais terriblement mal d’avoir pris du plaisir à vivre cachée ainsi.