My story life

Vous saviez vous que la première chose à dire dans une conversation avec de piètres inconnus était de raconter votre vie en commençant par votre naissance et en décrivant chaque passage, qu’ils soient bon ou mauvais. Tout cela pour raconter comment vous êtes devenu ce que vous êtes ? Vous me rassurez en me disant que vous également vous l’ignoriez. C’est tout de même étrange comme coutume n’est il pas ? Et donc vous commencez votre conversation comme si de rien n’était par un simple :

Bonjour, je m’appelle Loïs Shay Ross, mais je préfère que l’on m’appelle Shay, ça fait plus classe, vous ne trouvez pas vous ? Ah oui, je suis née le 9 décembre 1984 à Nassau, dans les Bahamas. Une chance vous ne trouvez pas ? A l’époque je n’avais qu’un frère : Maddox, de deux ans mon ainé. Ah oui, je vous vois entrain de compter sur vos doigts, j’ai donc vingt neuf ans depuis quelques jours. Oh pas besoin de me souhaitez mon anniversaire en retard, pensez y plutôt pour le suivant et on sera quitte. Bref, je ne me souviens pas de toute mon enfance, en même temps, qui s’en souviens concrètement ? J’ai bien eu quelques bribes de souvenir pendant longtemps, mais ceux-ci ont disparut au fil des années… Hummm, quoi d’autre ? Ah oui, le plus important, j’avais cinq ans lorsque Wrènn est née, une sœur casse cou dès la naissance d’après ce que rapportent sans cesse nos parents. Puis il y eu Shiloh, la petite dernière. Une petite chose toute frêle dont on a toujours envie de s’occuper. Oui oui, elle est née en plein dans ma période poupée, comment vous l’avez devinez ? Ah oui ma phrase précédente, logique…

Cher Journal,
Aujourd’hui, c’est mon anniversaire. J’aurais du fêter mes onze ans, mais comme d’habitude, Wrènn en a encore fait qu’à sa tête et nous avons du courir à l’hôpital pour la faire soigner. Ce n’est pas la première fois, ce ne sera pas la dernière. Elle est comme ça tout le temps, elle se casse et ne se rend même pas compte de ce qu’elle fait. Non pas que je ne l’aime pas, bien au contraire, mais ce n’est pas vraiment comme ça que j’imaginais faire mon anniversaire. De toutes façons, il n’y a que Maddox, Shiloh et elle qui compte. Moi je me fraye une petite place tant bien que mal, mais ce n’est pas évident et encore aujourd’hui, je suis passée au dernier plan… Merci Wrènn !

Cher Journal,
J’ai maintenant quatorze ans, il y a quelque chose qui me chagrine et je ne sais pas trop à qui en parler donc ça tombe sur toi. Il faut dire que ça fait un bail que je ne me suis pas confiée à toi, je m’en excuse d’autant que tu es toujours de si bon conseil et une oreille si attentive… Alors voila, je crois que j’ai mes règles. Comment je sais ce que c’est ? J’ai étudié le sujet toute à l’heure justement en sciences humaines. Quelle coïncidence n’est ce pas ? Le seul truc c’est que le professeur nous a fait son cours magistral habituel mais le détail qui tic c’est de savoir ce qu’il faut faire quand ça nous tombe sur le coin de la culotte ? J’ai une copine qui m’a donné un truc bizarre, c’est désagréable on dirait du plastique avec de la ouate dessous pour absorber le sang qui coule. Elle m’a dit de mettre ça dans ma culotte. Oui enfin sauf que j’étais déjà bonne pour aller me changer vu l’état du sous vêtement. Oh je te choque par mes propos ? Mais à quoi sers-tu si tu n’es pas capable de prendre mes maux ? Des excuses ? Encore pire, c’est pour les faibles ça ! Tant pis demain j’irais à l’infirmerie ou à la pharmacie. A qui d’autre pourrais je demander conseil si tu ne sais m’écouter plus longtemps ?

Cher Journal,
Depuis toute petite je fais des croquis. Je dessine les maisons de tous mes amis d’école et toute à l’heure pour la première fois je crois, j’ai eu les yeux qui ont tellement pétillé que je m’en souviens encore. Les professeurs nous ont fait faire des tests pour savoir l’orientation que nous devions prendre à la fin de notre cursus. Nous avions été prévenus que suite à ces tests certains feraient des études directement en entreprises et d’autres feront des grandes études dans de grandes écoles en passant par ceux qui feraient des études plus courtes dans des écoles moins connues. Tantôt, notre professeur principal nous a remis les résultats. Ceux-ci étaient formels, j’étais faite pour les longues études et de surcroît pour des études de terrain. En étudiant les résultats et en faisant quelques recoupages avec les métiers qui pourraient m’intéressés, j’ai découvert un métier d’avenir qui me correspondait tout à fait, comme si ce métier là était fait pour moi. Architecte ! J’irais donc faire un Graduate en architecture plus tard et j’en ferais mon métier, c’est décider, personne ne m’arrêtera !

Cher Journal,
Aujourd’hui, on a fêté Noël en famille, Wrènn nous a encore une fois fait terminer la soirée aux urgences. C’est un danger publique, mais comment lui reprocher, elle ne le fait pas exprès. Les médecins continuent toujours de poser des questions à nos parents. Ils répondent toujours la même chose. Pour autant, cette fois ci c’était différent, on est en 2002 et les recherches ont du faire des progrès sur le cas de ma petite sœur visiblement. Elle aurait depuis bébé une maladie congénitale, plus précisément une analgésie congénitale. C’est quand même grave que personne ne s’en soit rendu compte avant ! En fait, ça semble déjà faire un moment que Wrènn et Maddox sont au courant, tout comme les parents. C’est assez dur de voir que je suis semble t il la seule à ne pas savoir ce genre de chose. Peut être que je suis trop préoccupée par mes études… Pourtant j’avais l’impression de consacrer beaucoup de temps à ma famille jusqu’alors. Au moins ça sera moins dur pour moi de partir en septembre… De quoi en septembre qu’est ce qu’il se passe ? Ah c’est vrai, je ne t’ai pas raconté ! Je suis admise pour passer mon Graduate d’architecture. Et tu ne devineras jamais dans quelle école ! Harvard University, à Cambridge ! Tu imagines ? Harvard quoi !!!

Cher Journal,
Cette année, je n’ai pu finir les derniers jours d’études qu’il me restait. Je suis anéanti. Comme tout le reste de la famille. Maman m’a téléphoné à la fin de la semaine dernière. Papa avait eu un grave accident et il était entre la vie et la mort. Le temps de faire ma valise et de prendre le premier vol de Cambridge vers Nassau et il était parti. Je n’ai pu lui dire au revoir. C’est une catastrophe ! Papa m’avait toujours soutenu dans tous les moments, c’était le seul à me comprendre. Je semble être la moins anéanti de la famille, pour autant ce n’est qu’une façade, je prends sur moi, rien ne sert de dire ou de faire des conneries. Au premier abord, j’ai voulu prendre la fuite, mais Maman ne semble plus apte à faire quoi que ce soit de correcte. Du coup, je suis restée pour essayer de gérer la maison… le temps de l’été. Vivement la rentrée des classes, cela serai un véritable nouvel élan, un souffle sain qui me sauverai peut être de la dépression. Enfin, tant que tout est carré partout, ça ira, je survivrais toujours. Les autres ont l’impression que je râle toujours… Je crois que la mort de Papa m’a aigri car il semble qu’ils aient raison en effet…

Cher Journal,
Hier on a fêté en beauté mon diplôme ! Ca y est, tu te rends compte ? C’est un truc de fou, je suis trop contente ! J’ai tellement travaillé pour devenir architecte ! Je te laisse, je vais vite finir de faire mes valises. Demain c’est l’anniversaire de la mort de Papa. Il faut que je rentre pour les enfants… Même s’ils ne sont plus si petits que ça. Et puis ça leur fera une belle surprise, d’autant que ça me fait rentrer une semaine à l’avance à la maison avec mon diplôme en poche et un métier à développer sur l’île. Allez, je te retrouverais à la maison pour te raconter comment cette fin d’année 2007 se déroule !

Cher Journal,
C’est la dernière fois que je t’écris. L’an dernier j’ai ouvert mon cabinet d’architecture avec le seul qui faisait battre mon cœur et avec qui j’avais fait mes cinq années d’études. Mieux vaut être deux pour des projets d’envergure. Nous avions dans l’idée de révolutionner le monde l’architecture aux Bahamas… Ca aurait pu être génial, sauf que je me suis associée avec le mauvais garçon. Hormis qu’il m’avait souillé et qu’il était parti avec une fille plus jeune, il avait emmené toute la clientèle du cabinet avec lui. Je repars donc de zéro. Je ne peux plus faire confiance à personne. J’avais déjà une belle carapace, mais maintenant il était hors de question que quiconque entre dans mon périmètre de sécurité. Tu étais le seul à qui je me confiais, mais maintenant, je préfère tout garder pour moi, je ne peux plus me permettre d’avoir mal… Adieu mon vieil ami !

Voila donc quelques extraits de ma petite existence. Bien entendu, ce que j’écris dans mon journal intime est strictement confidentiel et tout ceux qui viennent de le lire sont prier d’oublier instamment cet instant sans quoi je serais forcé de tuer quiconque aura quelque souvenir que ce soit à ce propos. Mon entourage me prend pour une personne calme et posée. C’est vrai que derrière mon coté maniaque et râleuse, je donne pas mal le change. Pour autant je ne suis comme cela uniquement quand je dois donner la monnaie de ma pièce. Et puis comme dit Zig Ziglar, auteur de livre de développement personnel dont je suis fan, la vie est un écho ; ce que tu envoies, te revient, ce que tu sèmes, tu le récoltes, ce que tu donnes, tu l’obtiens et ce que tu vois dans les autres, existe en toi. C’est là toute l’histoire de ma vie.