All or nothing with me

Marley & Mathys

« Non ! C’est pas vrai ! Eh m… » Je m’interrompis volontairement, histoire de ne pas faire complètement paniquer le petit groupe d’enfants qui venait tout juste de passer et qui me regardait déjà étrangement. Habituellement, une mascotte, ça ne parlait pas, et par conséquent, il était hors de question que je vienne gâcher l’illusion, bien que la situation ne se prêtait pas à un comportement nécessairement professionnel. En effet, alors que je marchais tranquillement parmi les visiteurs du parc, et que je m’étais penché afin de ramasser une peluche appartenant à un enfant dans une poussette, j’avais entendu un bruit étrange, tel un tissu qui se déchire. Puis, en me relevant, j’avais senti un courant d’air passer à un endroit inapproprié, réalisant alors que j’avais déchiré le costume – qui commençait à être légèrement désuet, après tout – au niveau du derrière.

Sans attendre plus longtemps, dès que j’eus une brèche, je me dirigeai le plus rapidement possible vers le vestiaire des employés, à la recherche d’une solution. Tout d’abord, je retirai le costume, me laissant alors seulement en short, sans t-shirt, compte tenu de la température qu’il faisait et qui rendait le port d’un vêtement de trop insupportable. D’ailleurs, dégoulinant de sueur, puisque personne ne prenait sa pause à une heure pareille, je choisis de m’asseoir sur un banc un instant, prenant une longue gorgée d’eau de la gourde que j’apportais à chaque jour de travail avec moi.

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Marley & Mathys

Ce petit moment de répit était plus que bienvenue compte tenu des circonstances. En effet, être mascotte, c’était déjà pas si facile que ça, ou du moins, il fallait une certaine endurance à la chaleur, mais aux Bahamas, dans un temps pareil, il était nécessaire de faire preuve d’une certaine prudence si jamais je ne voulais pas m’effondrer devant tout le monde et écraser un gamin au passage, on savait jamais, avec ce gros costume. Cependant, ce n’était pas comme ça que ça marchait, et de ce fait, je me devais de prendre des pauses en douce parfois, comme je le faisais actuellement, bien que là, j’avais une excellente excuse. Persuadé que personne ne viendrait me déranger, je prenais mon temps, je ne me gênais pas d’être vêtu d’un simple short au milieu de la salle des employés. Je le faisais parce que j’étais seul, autrement, j’aurais plus de retenue. Toutefois, je n’étais pas seul, et je m’en rendis compte bien rapidement lorsque j’entendis une voix prononcer mon nom. Je sursautai alors, et d’instinct, je me levai, et je regardai Marley en souriant de façon gênée. Limite nerveux, je dis : « Marley ! Euh… Non… Je viens tout juste d’arriver… Tu es en pause là ? » Je me sentais ridicule, comme si j’étais nu devant elle, alors que des hommes torse nu, ce n’était pas si sorcier que ça de nos jours. Malgré tout, je ne pus m’empêcher de me rendre à mon casier, prendre une serviette, et m’éponger un peu avant d’enfiler mon t-shirt tandis que Marley disait vouloir trouver qui était la mascotte du parc, ou du moins, qui se cachait dessous. Il est certain que j’aurais pu lui lâcher la réponse tout de suite, puisque je la connaissais plus que bien, mais sachant que ce serait trop simple, et que sa petite enquête était amusante, je me contentai de rire un peu, et je dis : « Ah bon ? Et quelle est cette fameuse piste ? »

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Maintenant que j’étais un peu plus confortable à l’idée d’être devant Marley pour la simple et bonne raison que j’avais enfilé un t-shirt et que par conséquent, j’étais plus présentable, je pus me permettre d’écouter ses explications attentivement. Tandis qu’elle me disait qu’elle avait suivi la fameuse mascotte jusqu’ici et que finalement, elle n’avait trouvé personne d’autre que moi, je fus faire un effort surhumain pour ne pas éclater de rire ou même sourire en coin, ce qui aurait tôt fait de me trahir. Je n’avais pas nécessairement honte, mais vu la situation, c’était plutôt amusant de voir Marley galérer ainsi, alors que les éléments étaient devant elle pour faire le lien; premièrement, j’étais le seul ici, avec elle, et de plus, quel employé se baladait limite en caleçon et sans t-shirt ? Quoiqu’il en soit, je choisis de ne pas lui rendre la tâche facile, et je lui dis plutôt, sur un ton un peu taquin : « Dommage, parce que je suis content de te voir moi, quand même. » Je pus finalement me permettre d’esquisser un sourire en coin qui paraissait un peu plus naturel que si je l’avais fait quelques secondes plus tôt, et je laissai Marley poursuivre son récit, celle-ci m’expliquant, en gros, pourquoi elle s’était surprise à suivre la mascotte du parc. La raison n’était pas bien compliquée; elle s’ennuyait dans sa petite cabine, puisque visiblement, les clients ne pleuvaient pas aujourd’hui, ou bien ils étaient tous entrés au parc afin de pouvoir en profiter le plus possible. Je n’en savais pas grand-chose, puisque ce n’était pas là mon champ d’expertise. Mon boulot, c’était de ne pas poser de questions, et accueillir adéquatement les touristes qui passaient en espérant toujours qu’un petit malin ne vienne pas m’embêter, puisque ça, c’était arrivé plus d’une fois, et je ne savais toujours pas comment réagir adéquatement à ce type de situation. Quand c’était mort, habituellement, j’en profitais pour me mettre à l’écart et prendre un peu d’air, mais Marley, elle, semblait avoir d’autres façons de perdre son temps, et le fait qu’elle me les explique me fit légèrement rire, et à ce moment, je lui répondis : « Eh beh… Tu as déjà songé à apporter une balle anti-stress ou un truc du genre, ou bien vous n’avez pas le droit parce que ce n’est pas professionnel ? »

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J’eus un petit rire lorsque Marley revint sur cette histoire de mascotte, comme si cette découverte pourrait potentiellement faire sa journée. Je ne savais pas pourquoi, ni expliquer ce qui provoquait cela chez moi, mais étrangement, je trouvais cela plutôt marrant de savoir que certaines personnes étaient curieuses de savoir qui pouvait se cacher sous cet énorme costume. Ce n’était pas un secret d’État, après tout, et je pensais que nombreuses gens le savaient déjà, mais apparemment, Marley ne faisait pas partie du lot. Et ça, c’était ce qui m’amusait, même si je ne voulais pas insulter mon amie de quelconque façon avec cette histoire. Gardant alors le silence, je la laissai parler de ce qu’elle faisait lorsque les clients n’affluaient pas aux billetteries du parc d’attractions, lui faisant alors une suggestion pour passer le temps. C’était fait de façon totalement aléatoire de ma part, parce que personnellement, je ne pouvais pas planquer quoi que ce soit dans mon costume, aussi énorme soit-il. Apparemment, on idée n’avait rien de nouveau pour Marley, puisqu’elle ne tarda pas à m’expliquer que même si ce n’était pas une balle anti-stress qu’elle avait dissimulé dans sa cabine, elle avait quand même mis certains articles qui lui servaient lorsque le temps était trop long. Son affirmation me fit sourire, même si je devais m’avouer que je n’y avais pas pensé, parce que les magasines People, ce n’était certainement pas dans mes principaux centres d’intérêt. Si j’avais été un peu plus pervers, je lui aurais demandé si elle cachait aussi une revue Playboy ou un truc dans le genre, mais ce n’était pas mon style, donc je n’allais certainement pas lui demander un truc pareil. De toute façon, je n’en aurais pas eu l’occasion, puisque Marley vint me poser une question classique pour les nouveaux, mais qui me parut étrange, puisque j’avais quand même quelques années d’expérience dans ce parc. Enfin, Marley n’en avait pas autant que moi, mais on se croisait souvent et on se connaissait quand même, sauf que la question n’avait jamais soulevée entre nous deux. J’eus alors un moment d’hésitation, non pas que ça me gênait ou que je ne connaissais pas la réponse, mais vu la discussion que nous avions eue précédemment, je me demandai si je voulais lui donner la réponse sur un plateau d’argent ou non, parce que oui, ça m’amusait toujours autant. Décidant de la faire un peu poireauter, juste un peu, pas trop, je me contentai de hausser les épaules, et je dis : « Oh… Je me promène un peu partout, j’ai pas un lieu assigné auquel rester constamment. » J’ajoutai toutefois un petit sourire un peu mystérieux, ne sachant pas si mon amie et collègue allait en tirer quelque chose ou non. Si ce n’était pas le cas, alors je le lui dirais par la suite, ou bien j’ajouterais un autre indice, mais ce serait amusant qu’elle le devine, à mon avis.

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Marley & Mathys

Mon sourire ne fit que s’élargir lorsque je me rendis compte que Marley réussit à trouver une réponse à ce que je venais de laisser placer, mais que ce n’était pas exactement ça. Cependant, je ne ris pas, parce que mine de rien, sa réponse était totalement logique. Dans les films, on pouvait voir parfois des marchands ambulants, ce qui expliquerait le fait que je me déplaçais constamment dans le parc d’attractions, et limite, ça pourrait expliquer mon changement de vêtements soudain dans les vestiaires, que je n’avais toujours pas expliqué à Marley d’ailleurs, supposant qu’un sac de confiserie s’était ouvert et m’avait collé dessus, un truc comme ça. Quoiqu’il en soit, je devais avouer que la proposition était brillante, si bien que je ne sus pas vraiment trop quoi répondre. Je demeurai donc impassible, attendant de voir comment Marley allait réagir par rapport à mon mutisme. Finalement, au bout de quelques secondes, elle commença à supposer autre chose, ce qui me fit alors froncer les sourcils l’espace d’un instant. Malgré tout, je la laissai aller au bout de son idée, baissant alors la tête par réflexe lorsque soudainement, elle découvrit, ou plutôt, déduisit la vérité. Marley était visiblement intelligente, voire même brillante. Peut-être que parce que j’étais un mec, cela ne me donnait probablement pas un jugement équitable, mais franchement, je ne pensais pas avoir pu trouver ainsi par un simple indice relativement vague, compte tenu du nombre d’employés et de types d’emplois qui pouvaient être occupés sur ces lieux. Ne voyant pas pourquoi je lui cacherais la vérité plus longtemps, je relevai alors la tête, la regardant dans les yeux en haussant les épaules, puis je lui dis, tout bêtement : « Surprise ? », sachant alors que ma réponse était complètement ridicule et ne voulait pas dire grand-chose. Enfin, elle disait très bien l’essentiel, mais après ça, je ne racontais pas vraiment de détails, pourquoi je ne lui avais pas avoué ou quoi que ce soit. D’un autre côté, il fallait dire que je n’avais jamais eu l’occasion de le faire, mais cette fois-ci, ce serait fait, une bonne fois pour toutes, d’autant plus que Marley semblait limite désespérée de savoir de qui il s’agissait. Maintenant, elle était au courant.

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La question de Marley me laissa légèrement mal à l’aise, et je ne sus pas vraiment le cacher, preuve étant que sitôt que celle-ci fut posée en totalité, je baissai la tête, ne sachant pas quoi lui répondre dans un premier temps. Une chose était certaine, c’était que j’étais confus, prenant évidemment la remarque pour moi-même. Les blagues, c’était maintenant chose du passé, clairement. La discussion était devenue sérieuse en l’espace d’une seconde, si bien que je n’étais pas vraiment confortable, surtout parce que je ne savais pas quoi dire. En fait, il ne m’était jamais passé par la tête de cacher volontairement ma profession, me disant toujours que si jamais on me le demanderait, je n’aurais pas de honte à le dire. Auparavant, oui, j’en avais, surtout parce que mon ex-fiancée, Taylor, détestait ce que je faisais, purement et simplement, et de ce fait, je ressentais le besoin de le cacher. Maintenant que je n’étais plus avec elle, j’étais maintenant plus confortable avec tout cela, et ce qui m’avait retenu de lui dire plus tôt, c’était le fait qu’il était fort amusant de la voir tant chercher sans trouver qui se cachait sous le fameux costume. Suite à ces diverses réflexions, je poussai un petit soupir, puis je pinçai les lèvres en relevant la tête pour regarder Marley, lui affirmant : « Je… J’aurais fini par te le dire, je te jure… C’est juste que l’occasion ne s’est pas présentée… » En effet, lorsqu’on me le demandait pas, je jugeais peu pertinent de dire ce que je faisais. Je n’aimais pas trop me présenter en disant « Salut ! Je suis Mathys et c’est moi la mascotte du parc. » en temps normal. Maintenant, je me sentais un peu mal de ne pas l’avoir fait, ce qui expliqua pourquoi je dis ensuite à la jeune femme : « Je ne voulais pas te le cacher volontairement, ni me payer ta tête… Désolé… »

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Alors que j’étais persuadé que Marley avait mal pris le fait que je ne lui avais jamais dit quel poste j’occupais au parc d’attractions, puisqu’à mes yeux, c’était une simple et pure évidence, je me rendis compte qu’en fait, j’avais tout faux; Marley avait tenté de faire une blague, et moi, comme un idiot, je l’avais prise au sérieux, peut-être même un peu trop, parce que maintenant, si je ne me trompais pas, elle se sentait coupable et ne savait pas trop quoi faire, tout comme moi. Cela installa alors un climat légèrement étrange dans la salle, un malaise, plus exactement. Ce malaise fut accentué par le fait que je ne dis rien, tout simplement parce que je ne savais vraiment pas quoi dire, voire même pas du tout. Je baissai alors la tête un instant en me grattant la nuque, signe que je n’étais pas confortable dans la situation. En fait, je tentais de réfléchir, réfléchir à ce que je pourrais faire, à ce que je pourrais dire pour rendre les choses un peu moins étrange. Pendant un instant, l’envie me prit de m’excuser encore une fois, mais de ne pas avoir plaisanté à ce qui était une blague, à la base, selon Marley en tout cas, mais si je commençais ça, alors je n’aurais certainement pas fini. Finalement, je choisis de relever la tête, m’approcher légèrement de la jeune femme, puis j’affirmai : « Hey, t’es pas bête, d’accord ? » Je choisis alors de rendre la situation un peu moins sérieuse, puis de dire, dans une haussement d’épaules, en ne sachant pas trop si ça allait fonctionner ou pas : « Dis-toi que si tu voulais me faire peur, alors, tu as bien réussi. » C’était maladroit, et peut-être que je me mériterais une gifle pour avoir dit une chose pareille, mais au moins, je faisais un effort pour rendre la chose moins dramatique, j’espérais simplement avoir réussi.