J’avais accepté. Accepté de passer une soirée avec lui. Accepté de prendre le risque de passer un bon moment en sa compagnie. Accepté de me dire que je n’étais peut-être pas aussi forte que je voulais bien le montrer. J’aurais dû refuser. Juste par fierté. Seulement, maintenant il était trop tard. Je ne pouvais pas décommander à la dernière minute. Je n’avais pas non plus envie. Je voulais juste voir ce que cette soirée allait donner : est-ce que ça allait bien se passer ? Ou est-ce qu’on allait se prendre la tête, une fois de plus ? Cette dernière hypothèse me prouverait bien que je n’avais rien à faire avec un mec comme lui. Et pourtant… Je l’aimais encore. J’étais partit, j’avais eu peur et il était venu. Soi-disant pour du boulot. Comme par hasard, il avait des réunions aux Bahamas. Peut-être qu’en réalité s’était vrai et que je voulais simplement espérer qu’il soit pour moi. Et uniquement pour moi. Pourquoi les histoires d’amour sont aussi compliquées ? Pourquoi je ne peux pas avoir moi aussi mon conte de fée qui se termine bien ? J’avais toujours voulu croire que l’amour avec un grand A existait. Mais plus les années passaient, plus je me rendais compte que s’était simplement qu’une belle illusion. Rien n’est facile. Rien n’est rose. Et les contes de fée ne sont que du pur mensonge.

Je me regardais une dernière fois dans le miroir. J’avais opté pour une petite robe bustier assez légère et une paire d’escarpins aux pieds. Je m’étais maquillée de façon assez discrète. Je m’étais toujours trouver jolie naturellement et j’avais passé l’âge de me maquiller comme une voiture volée. Il était 19h00. On s’était donné rendez-vous à 19h30. J’allais prendre un taxi. Je n’avais pas envie de prendre ma voiture et l’idée d’y aller à pied ne me donnait pas non plus envie. Je lui donnais l’adresse d’un petit restaurant italien qui se situait en centre-ville. Il y avait quelques embouteillages mais le conducteur de taxi m’assura qu’on serait à l’heure. Je lui faisais confiance. Je n’avais pas le choix de toute façon. Je n’avais pas encore le don d’ubiquité. Une bonne vingtaine de minutes plus tard, on arrivait enfin en centre-ville. Après avoir payé la course et lui avoir laissé un pourboire, je descendais du taxi et je m’approchais du restaurant. Je stressais. J’avais peur. Tout ce que je risquais s’était de passer une bonne soirée, non ? C’est ce qu’il fallait se dire. J’entrais alors dans le restaurant. Kylian n’était pas encore là. Si ça se trouvait il allait me poser un lapin, genre à cause d’une réunion de dernière minute ou je ne sais quoi. Je regardais mon portable, il n’était pas encore la demie. Je restais dans l’entrée, attendant patiemment qu’il arrive. Ça me faisait bizarre, j’avais l’impression d’être une gamine de quinze ans qui va à son premier rencard. Pourquoi je m’étais embarqué là-dedans aussi ?