Je pense que de toutes les maladies sexuellement transmissibles, celle qui pouvait me faire le plus peur était sans nul doute possible le SIDA. C'est idiot, mais je pense que les campagnes de "publicité" en rapport à cette maladie pour que nous nous protégeons lors de rapports avec des préservatifs tendent à nous rendre plus paranoïaque sur cette maladie plus particulièrement que sur les autres. Néanmoins, pour le coup, chacune des maladies que j'aurais pu contracter à cause de cette pseudo carrière que j'avais eu, me paralysaient de peur. Pourtant, je me promis intérieurement de ne jamais montrer plus que ce qu'il était à ce jour ma peur à mon grand frère. Je le voyais déjà tellement se faire de soucis par ma faute que je ne voulais pas le lui en faire plus à partir de maintenant.

Après avoir collé un bisou plein de lait sur la joue de Franklin, celui ci s'était empressé de s'essuyer puisque le lait dégoulinait déjà dans sa barbe. Cela me fit sourire légèrement. Je pense que c'est la première fois que je souriais depuis mon arrivée sur l'île, ou plutôt depuis mon départ d'Irlande...

Néanmoins, une question me turlupinait, me chagrinait, m'ennuyait encore. Mon grand frère était passé par des étapes que j'avais et allais devoir subir à mon tour. De ce fait, j'avais à peine terminé mon bol de céréales que je demandais à mon ainé si j'arriverais un jour à oublier et passer à autre chose. Mes yeux étaient pétillant, mais pas pétillant de joie, bien au contraire, ils brillaient de larmes prêtes à partir en fonction de la réponse de celui que je chérissais plus que tout au monde. Malgré le regard embrouillé par ces larmes emplissant celui ci, je le vis retirer une cigarette de sa bouche. Je ne l'avais pas vu l'y mettre mais cela m'importait peu en comparaison à la grave question que je lui avais posé. Sa réponse ne me surpris pas vraiment, mais le fait de se faire confirmer et d'apprendre que concrètement je n'oublierais jamais les épreuves que j'avais endurées me firent couler les larmes qui avaient attendu sagement jusque là au creux de mes yeux. Nonobstant cette mauvaise nouvelle, ce nouvel obstacle à un éventuelle épanouissement personnel, il me certifia que j'étais plus forte que lui et que par conséquent, je parviendrais moi aussi à passer à autre chose. Il me proposa dans le même élan de prendre une cigarette. Le regard plein de larme, mais la voie pourtant franche, je lui promis :
- Si tu m'aides, je suis sur que j'y arriverais... Et c'est probablement mieux que je tente autre chose avant d'avoir recourt à la clope... Enfin, on verra. Peut être que je reviendrais un jour t'en quémander une.
Il alluma sa cigarette avant de me prendre dans ses bras. Les larmes coulaient sur ma joue devenue insensible. Je voulais redevenir la petite fille que j'avais pu être auparavant, celle qui mettait les coups de pieds au cul de tous ceux qui osaient me contrarier. Enfin, cette petite fille avec quelques nuances. J'aurais voulu être encore plus forte pour ne pas prendre tous les reproches silencieux de ma famille autant à cœur. J'avais pris la place d'une sœur que je n'avais jamais eu l'opportunité de connaitre et tous avaient un regard différent sur moi que celui qu'ils pouvaient avoir sur eux même. J'avais été surprotégée mais en parallèle on m'en demandait toujours plus. Il me fallait toujours plus ressembler à la perfection de la sœur inconnue. Tout mon mal être avait été longtemps refoulé mais lorsque Franklin était parti d'Irlande la dernière fois, il avait surgit de nul part et m'avait enfoncé dans une profonde déprime, me faisant ainsi faire la plus grosse bêtise de ma vie, du moins j'espérais que cela le serai. La tête posait sur l'épaule de mon ainé, je demandais :
- Euh, par contre, tu crois qu'on peut commencer par faire des courses... Il me faudrait des vêtements, des sous-vêtements aussi... Enfin, je t'avoue que je suis partie sans rien prendre pour ne pas éveiller de soupçons mais du coup, je n'ai rien à me mettre sur le dos... Et même si j'adorais Sophie, je ne suis pas sure que ça soit une bien bonne idée que je m'habille dans sa garde-robe... Mais si tu veux je le ferais, je propose juste...
Ma voie n'était plus du tout assurée comme elle avait pu l'être auparavant, bien au contraire, beaucoup d'hésitation pouvaient se ressentir dans ma voie, dans mes mots, dans mon ton.