Première journée de cours. Pour les plus petits, c'était toujours un moment stressant, mais une fois adulte, ou presque, ça devient routinier, limite barbant. Dans mon cas, j'avais l'impression d'être redevenu un enfant qui entre à l'école primaire ou au collège pour la première fois; j'allais entrer à l'université, lieu que je ne pensais jamais fréquenter, vu comment je pouvais être un boulet à l'école. C'était le sport qui m'avait permis de me rendre jusqu'ici, et même si ma carrière avait risqué être compromise tout récemment, je n'allais certainement pas laisser quoi que ce soit m'arrêter. Histoire d'être à l'heure sur le campus, parce que j'avais déjà prévu de me perdre dans les couloirs avant d'arriver à la salle de mon premier cours, j'avais quitté l'appartement bien avant l'heure de mon cours. Je pris mon scooter, et casque sur la tête, je pris la route en direction de l'université. Il ne fallait pas beaucoup de temps pour parcourir le chemin entre l'appartement et le campus, mais malgré tout, je trouvai le moyen de faire un arrêt non prévu lorsque soudainement, je vis une demoiselle qui semblait on ne peut plus galérer avec ses bouquins, son sac et tout. Je ralentir donc, changeai de voie pour me rapprocher du trottoir, puis je demandai: "Vous avez besoin d'un coup de main ?"

Nevaeh déteste la rentrée. Ca a toujours été, elle ne voit pas ce que les gens peuvent bien trouver d’excitant là dedans. Tout ce que peut bien marquer la rentrée, c’est le fait de devoir à nouveau se lever tôt, de galérer avec ses devoirs et de ne plus pouvoir se saouler le soir. Elle adore l’été, mais ici, la rentrée est venue bien trop rapidement. Nev a donc enduré son après midi avec un sourire faux, le seul point positif étant de retrouver les amis qu’elle n’a pas pu voir pendant l’été. A la sortie, elle découvre avec rage que ses parents adoptifs ne sont pas là et qu’elle doit s’organiser pour porter ses manuels, qui pèsent d’ailleurs au minimum une demi tonne. Elle ne comprend pas comment les profs peuvent être aussi sadiques. Elle met son portable dans sa poche et met son sac à main sur son épaule, portant les livres en s’inclinant vers l’arrière pour ne pas tomber tant ils sont lourds. Son sac bascule sur son coude et elle soupire, galérant toujours un peu plus. Les voitures passent sans même songer à avoir pitié d’elle, elle en a marre. Elle fixe un point droit devant elle histoire de se donner un objectif pour porter ses cinquante kilos de manuels tous plus inutiles les uns que les autres. Vous avez besoin d'un coup de main ? Elle sursaute et lâche les manuels sur le coup, les laissant tous lourdement tomber. Eh merde ! Je veux bien, oui… Elle dit en regardant brièvement la personne qui lui a proposé son aide, trop occupée à s’accroupir pour pouvoir ramasser les bouquins.

Certaines gens auraient pu croire que je me voulais mesquin en faisant une telle proposition comme ça à la demoiselle que je ne connaissais pas sans crier gare, et de ce fait, il aurait été amusant pour moi de la voir laisser tomber tous ses effets par terre en sursaut par ma faute. Ce ne fut pas le cas toutefois; limite, je m’en sentis mal, parce que je ne m’attendais pas à ce que mon arrivée et mon questionnement la surprennent ainsi. Sitôt, je m’empressai d’arrêter mon scooter, l’enjambant histoire d’en descendre, déposant l’engin sur le sol en me moquant totalement s’il était sur son support ou pas et finalement, je me dirigeai vers la demoiselle qui, au bout du compte, ne dit pas non pour un coup de main. Dès que je le pus, soit à la seconde où je fus à sa hauteur, je lui dis : « Je suis désolé, je ne voulais pas te faire peur… » J’avais fait exprès de changer et passer du vouvoiement au tutoiement, remarquant aussitôt que cette jeune femme était une étudiante, tout comme moi, et elle semblait un tantinet plus jeune que moi, d’où le fait que je ne voyais plus vraiment l’intérêt de la vouvoyer, à moins qu’elle me gifle puisqu’elle voulait absolument que je le fasse, ce qui m’étonnerait beaucoup. Je souris alors timidement, puis je commençai à aider la jeune femme, ne pouvant alors m’empêcher de regarder un coup d’œil furtif aux livres qu’elle transportait. Enfin, je regardais surtout les manuels scolaires et non ses effets personnels, toujours dans l’idée de rester poli et courtois, mais je ne passai aucun commentaire, parce que je me serais senti bien idiot de le faire, et de ce fait, lorsque j’eus accumulé une bonne partie de ses effets entre mes mains, je lui tendis, et je dis : « Et voilà… Ça va aller ? »

La rentrée alias le truc le plus chiant au monde. En tout cas, c’est comme ça pour la rouquine. Se retrouver à nouveau coincé pour toute une année scolaire n’a rien de si trépignant à son sens. Elle préfère amplement aller aux fashion weeks, ou même s’amuser à écrire dans le carnet que sa grand-mère adoptive lui a offert à tout els soirs. Mais sûrement pas devoir prendre des notes sur un sujet qui ne l’intéresse pas du matin au soir, surement pas avoir envie de se taper la tête contre les murs tant elle a de devoirs. Elle avance en tenant ses bouquins et lâche tout de surprise quand un gars sur un scooter s’arrête pour lui proposer son aide Elle se baisse pour els ramasser et il vient à son aide, elle fait un sourire timide en se rendant compte que l’homme qui a un ou deux ans de plus qu’elle a attrapé bien plus de livres que ce qu’elle pensait. Elle lui fait un sourire gêné. Je suis désolé, je ne voulais pas te faire peur… Elle rit doucement. Pas de soucis, je m’attendais jste pas à ce qu’on ait pitié de moi, merci, vraiment… Elle lui dit en souriant timidement. Et voilà… Ça va aller ? Elle hoche la tête. Oui, vous en faites pas, il me reste à peu près un kilomètre à faire, c’est pas si énorme. Elle dit avec un sourire déprimé avant d’attraper tout les livres, tentant de faire face à leur poids écrasant.

La demoiselle affirma qu’il lui restait un kilomètre à parcourir pour finalement arriver au lycée, ou du moins, c’est que je supposais vu l’âge qu’elle me semblait avoir. Un kilomètre, en voiture ou même en scooter, ce n’est pas grand-chose, une ou deux minutes tout au plus, mais à pied, ça peut être long, surtout lorsqu’on a les mains chargés. Et puis, même si la jeune femme me dit que ça va aller, que la distance est de moins en moins longue au fur et à mesure qu’elle progressait – logique ! – il n’en demeurait pas moins que dans son visage, elle paraissait complètement désespérée à l’idée de devoir marcher sur cette distance avec sa besace. Honnêtement, ça ne me laissait pas confortable dans cette situation, si bien que plutôt que de l’écouter, je décidai de réfléchir quelque peu. Je considérai alors la route, puis mon scooter, qui avait une place exprès pour stocker des choses. Pas autant que dans une voiture, mais on pouvait se débrouiller, quand même. Puis, ne voyant pas pourquoi je ne le proposerais pas, considérant le fait que j’avais été celui qui avait fait tomber ses livres dans un premier temps, je décidai, candidement, de lui proposer : « Si vous voulez, je peux aller vous déposer, c’est sur mon chemin… » Enfin, ce ne l’était pas exactement, l’idéal aurait été qu’elle fréquente l’université aussi – quoique peut-être était-ce le cas, on ne savait jamais – mais heureusement, les campus étaient rapprochés, à Nassau, donc ce ne serait certainement pas un problème et ça ne mettrait normalement pas en retard.

Il ne lui reste plus tant de route que ça, et même si ce garçon l’a surprise et lui a fait lâcher ses manuels, elle devrait pouvoir s’en sortir. Du moins, elle prie intérieurement pour que ce soit le cas. Si vous voulez, je peux aller vous déposer, c’est sur mon chemin… Bradshaw lève un œil surpris vers le jeune homme. Ce serait vraiment adorable mais je suis au lycée et… Vous avez pas une tête de lycéen. Elle dit avant de lâcher un petit rire. Moi, c’est Alaska. Si cet inconnu s’apprête à l’embarquer jusqu’à son lycée, autant qu’elle fasse un minimum connaissance avec lui. Vous êtes sur que ça vous gêne pas ? Non parce que ça fait un détour, non ? Elle demande timidement, gênée à l’idée de retarder cet étranger potentiellement un peu trop gentil.