Il y a vingt ans de cela, en Sicile, naquit une petite fille. Il s’agissait de l’enfant des Vitale, une famille influente de Palerme et même de toute l’Italie. Parente avec la famille de Médicis, elle était promise à un avenir grandiose fait de richesse, de bonheur et de pouvoir. Mais pour le moment, cela importe peu.  
Rosabella Vitale nommât sa descendante d’une manière des plus originales ; Athénaïs. Son deuxième prénom non plus n’était pas commun. Peu de jeune fille se prénomme Artémesia. La jeune mère voulait que sa fille soit unique, dans tous les sens du terme. Elle voulait aussi que sa protégée soit intelligente, sage, inventive et forte, comme les deux déesses.
Alessio Vitale, son père, n’était pas présent lors de sa naissance. Il ne s’y intéressait guère, car tout ce qu’il souhaitait c’était un héritier. Manque de chance, il avait reçu une fille ce qui l’avait mis dans une pendant un premier temps. Puis, en croisant le regard de son enfant, il s’y attachât énormément. Ce n’était pas le genre d’homme sentimental, et pourtant lorsqu’il la prenait dans ses bras il devenant l’être le plus tendre du monde.
Les deux parents couvrirent donc d’amour leur chère Athénaïs, de même que les employés de maison. Mais quelles sont les limites entre amour et liberté ?



Extrait du journal d’Athénaïs.
Cher journal,
Aujourd’hui, je suis tombée sur des photos de moi quand j’étais bébé. Il faut admettre que j’ai changé. En hiver, mes cheveux sont aussi foncés qu’avant, mais l’été ils deviennent blond très clair. J’adore être blonde ! Amaïa m’a toujours dit que j’étais la fille du soleil à cause de mes beaux cheveux. Ça me fait toujours sourire quand elle me dit ça. Mes yeux aussi ont changés, et peu importe le temps qu’il fait ou quelle saison on est, ils sont bleus comme le ciel d’un jour d’été. Avant, ils me faisaient plutôt penser à la mer quand il y a une tempête.
Mais ce n’est pas tout ce que je veux te dire pour le jour de mon anniversaire. J’ai envie de crier tout ce que j’ai sur le cœur. J’en ai marre que tout le monde me suive partout, je ne peux jamais être seule plus de deux secondes. On me force même à prendre des cours particuliers plutôt que de me laisser aller à l’école normalement. Maman dit que c’est pour me protéger. Mais me protéger de quoi ? Les autres enfants auraient mon âge, ce n’est pas comme si ils allaient essayer de me tuer avec une arme à feu … Et puis même ! Si ils me laissent y aller, je pourrais apprendre à me défendre ! Mais ils veulent rien entendre …
Je vais pas tarder à te laisser petit journal. Mon cours d’équitation commence dans un quart d’heure. Et en parlant de ça, j’ai oublié de te dire que j’ai reçu un cheval en cadeau ! Ou plutôt une pouliche. Elle a quelques mois, et c’est moi qui vais devoir la dresser. Papa a appelé des professionnels pour m’apprendre comment faire … Et me surveiller, encore.
Gros bisous !


Athénaïs s’est longuement acharnée sur ses parents pour pouvoir aller au collège comme tout le monde. Ils ont finît par céder, ce qui était un premier pas vers la liberté de la jeune fille. Elle était toujours accompagnée pour se rendre jusqu’à l’établissement, et l’inverse était aussi vrai, mais c’était déjà quelque chose d’extraordinaire. L’enceinte avait beau la garder prisonnière, cette cage lui paraissait dorée. La solitude ne lui collait plus à la peau, bien au contraire. En quelques semaines son assurance lui a permis de devenir l’une de ces filles populaire que tout le monde admire. Les filles la jalousaient et les garçons se retournaient sur son passage. Elle trouvait ça amusant, mais au bout de deux ans c’en était lassant. Encore une fois, comme à la villa, le moindre de ses mouvements était épié et elle était toujours suivie par une poignée de personne. Elle finissait même par se délaisser de ses amies qui profitaient simplement de son intégration pour en faire de même et obtenir ce qu’elles voulaient.
Rafael, un garçon de sa classe, était l’exception. Il ne la regardait jamais, ne lui accordait pas le moindre sourire, ne lui adressait en aucun cas la parole. Bref, il l’ignorait royalement ce qui intriguait la blondinette. Un jour, intriguée et énervée par cette attitude désinvolte, elle ne s’était pas démontée pour aller lui demander en face ce qui clochait chez lui. La bande du grand brun avait éclaté de rire. Elle les avait foudroyés du regard avant de leur ordonner d’un signe de tête de dégager, ce qu’ils avaient fait sans pour autant arrêter de se marrer. Rafael avait plongé ses yeux verts dans les siens, sans dire un mot. Puis, il s’était redressé pour lui tourner le dos et rejoindre ses amis. Mais avant de laisser Athénaïs seule, il lui avait demandé de le rejoindre à la jetée à la fin des cours.
Arrivée au lieu de rendez-vous, sa rage avait laissée place à la nervosité. Elle s’était faufilée en douce et on allait lui passer un savon en rentrant, mais c’était surtout le jeune garçon qui l’intimidait. Et elle n’était pas au bout de ses surprises puisqu’en la rejoignant il l’a menaçât avec une arme blanche. Il voulait l’effrayer pour l’inciter à ne plus s’approcher de lui. Seulement elle n’a pas réagît comme il l’aurait voulût. Son admiration pour lui est devenue croissante et il a été obligé de lui expliquer les rivalités qu’il y avait entre leurs deux familles. Voilà de quoi ses parents voulaient la protéger. Sa liberté était devant elle, et il lui tenait la main.
Découvrant tous ces petits secrets, Athénaïs prit un malin plaisir à trahir sa famille en rejoignant celle de son camarade. Ce n’était pas n’importe quelle famille puisqu’elle était uniquement constituée de mafieux. Ils doutaient de la sérosité de la petite blonde mais étaient hilares à l’idée que la fille des Vitale puisse la rejoindre. C’est pour cette raison qu’ils lui laissèrent sa chance.


Seize ans, c’est l’âge où tout change. Ses cheveux sont devenus roses et elle se rebellait contre la moindre autorité imposée. Mais pour ne pas être démasquée, elle gardât quelques-unes de ses attitudes d’enfant sage. Par exemple, son contact avec les chevaux n’avaient pas disparût et elle souhaitait apprendre le métier de chuchoteur. Pour ne pas avoir l’impression de perdre leur fille, ses parents appelèrent un professionnel pour lui enseigner tout ceci. Elle avait fini le lycée avec une année d’avance et en profitait pleinement.
Quand elle n’était pas avec ses chevaux, elle rejoignait Rafael. Il lui avait appris comment magner une arme et comment se battre au corps à corps. Grâce à sa taille, elle était rapide et agile. Ses tactiques pouvaient lui permettre de se sortir de mauvaises postures, bien qu’elle ne gagnait pas à tous les coups. Ses armes préférées étaient les armes à feu, même si une arme blanche est toujours très utile. Elle ne ratait jamais sa cible lorsqu’elle tirait, peu importe la distance ou la situation. Elle avait trouvé sa place. Désormais, elle faisait partit des leurs. Au même titre que le brun. Ils étaient devenus plus qu’amis, mais se sentaient tout de même obligés de le cacher.


- Magnes-toi Rose ! lui dit-il en la traînant par le bras pour la forcer à courir plus vite.
Athénaïs fît son possible pour rester à son niveau mais elle commençait à être essoufflée. Ils s’étaient mis à courir quinze minutes plus tôt pour fuir la villa. Ensemble, ils avaient vidés une partie des comptes en banque des Vitale. Les valises de la jeune femme étaient prêtes depuis quelques temps déjà, mais elle devait attendre que Rafael vienne la chercher. Elle ne pensait pas une seule secondes qu’ils allaient devoir rejoindre l’aéroport à pied, et encore moins qu’il ne viendrait pas avec elle.
- Voilà ton billet d’avion et un téléphone. Ne m’appelles pas, c’est moi qui le ferais. N’essayes pas de rentrer. Le compte est ouvert, tu en fais ce que tu veux. Commence une nouvelle vie, je te rejoindrais plus tard.
Il avait dit tout ça tellement rapidement qu’elle dût attendre d’être dans l’avion pour comprendre tout ce qu’il avait dit. Avant de la laisser partir, il l’embrassât fougueusement avant de reprendre sa course. Elle le regardât partir, le visage impassible. Intérieurement elle était effondrée. Par moment, elle avait l’impression qu’il se servait d’elle. Mais elle ne pouvait pas voir sa vie sans lui. Alors elle l'attendrait.