Rhys & Maïke

Do you know who you are ?

« Si ça ne gêne pas, je vais aller prendre l’air avant de reprendre… » Je ne laissai même pas le temps à mes collègues de répondre ou donner leur autorisation avant de me lever du vestiaire des employés, ouvrir la porte et finalement sortir à l’extérieur, marchant alors tranquillement en prenant de grandes bouffées d’air et de temps à autre des gorgées d’eau de la bouteille que j’avais apporté avec moi pour cette petite sortie totalement imprévue. Il était plutôt rare que je faisais un tel drame, et heureusement d’ailleurs, parce que je n’aimais pas vraiment faire des caprices sur mes heures de travail et ce, peu importe si mon mari était administrateur de l’hôtel ou pas. J’appréciais le fait que nous étions dans le même bâtiment en tout temps, que si jamais il y avait quelque chose ou bien qu’il me manquait trop, je pouvais le voir, mais je m’étais promis de ne jamais tenter d’obtenir des privilèges en raison de son poste d’influence lorsqu’il l’avait pris. De toute façon, ça ne valait pas le coup que je fasse un drame, que je demande un congé pour cela. Tout ce qui s’était passé, c’était qu’à mon plus grand étonnement, après avoir pris mon déjeuner dans un restaurant de l’hôtel avec mes collègues, je ne m’étais pas sentie totalement en forme, et j’avais craint une nausée que je ne voulais certainement pas voir arriver. Apparemment, il faudrait que cette fois-ci, je fasse encore plus attention à mon alimentation que précédemment, et peut-être même que je mange seulement des trucs que j’aurais apportés de chez moi pour quelque temps. Quoiqu’il en soit, je ne voulais certainement pas voir ma journée écourtée pour si peu, et je me disais que cette promenade serait suffisante pour me redonner de l’aplomb. Comme de fait, au bout de quelques minutes, je me sentis un peu mieux, mais pas encore totalement en forme. Toutefois, je fus, au bout d’un moment, quelque peu fatiguée de marcher, ce qui expliqua le fait que je cherchai un banc libre, n’arrivant pas à obtenir l’objet de ma convoitise, puisque c’était une heure parfaite pour marcher, lire un peu, prendre du bon temps. Finalement, je choisis d’aller à la rencontre d’un jeune homme seul sur son banc, lui demandant alors poliment : « Excusez-moi, je peux m’asseoir ici ? »

Rhys & Maïke

Do you know who you are ?

Je ne m’attendais pas à ce que le jeune homme m’accueille en grandes pompes, et ce qu’il fit, à savoir accepter que je m’installe à côté de lui et ce, même s’il ne m’avait pas adressé un regard était bien suffisant pour moi. Pour être certaine de ne pas paraître malpolie s’il continuait de ne pas me regarder, je pris le temps de prononcer un « Merci beaucoup. » alors que dans la situation présente, pour environ tout le monde, un sourire aurait été suffisant. Puis, je n’attendis pas plus longtemps pour prendre place sur ce fameux banc, lâchant un soupir de soulagement à l’idée de me détendre quelque peu les jambes et espérant que cette petite pause serait suffisante pour me redonner l’aplomb nécessaire pour retourner travailler sans risquer de vomir dans la piscine, parce qu’autrement, j’aurais bien plus de problèmes qu’après cette courte pause imprévue. Je fermai les yeux un instant aussi, puis je bus encore un peu d’eau, me sentant soudainement un peu mieux.

Toutefois, je ne voulais pas me déclarer prête à repartir vers l’hôtel tout de suite, voulant être sûre et certaine que j’étais d’attaque à le faire avant de me lever, puisque le trajet entre ici et le vestiaire des employés durait quand même quelques minutes, après tout. J’ouvris alors les yeux, me contentant de regarder un peu les environs, même si je connaissais ce parc plutôt bien, puisque j’appréciais y venir en compagnie des enfants de temps à autre, voire même venir marcher avec James en amoureux pendant les pauses si jamais son emploi du temps le lui permettait. Cependant, mon attention fut soudainement portée non pas vers le paysage ou bien les passants, mais plutôt par le jeune homme qui m’avait laissé m’installer à ses côtés. Celui-ci tenait entre ses mains une photographie d’une personne qui ne m’était pas inconnue, et cela me perturbait quelque peu, puisque je pensais bien connaître l’entourage de cette fameuse personne. C’est probablement la raison qui expliqua que je ne sus garder ma langue dans ma poche, et je demandai, en tentant de me montrer la plus polie possible : « Vous… Vous la connaissez ? » tout en désignant la photographie d’un signe de tête.

Rhys & Maïke

Do you know who you are ?

En voyant le jeune homme ne rien dire, hésiter devant mon interrogation, je devins soudainement un peu tendue, me demandant si je n’avais pas été trop loin dans ma question, si j’aurais peut-être mieux fait de simplement me taire et faire comme si je n’avais rien vu, ou au minimum, comme si je ne connaissais pas la personne sur cette photographie. Puis, alors que je voulus m’excuser de mon indiscrétion et tenter d’oublier ce qui venait d’arriver, espérant que mon interlocuteur ferait de même, celui-ci finit par me répondre, affirmant que oui, il connaissait cette jeune femme. Après, le contraire m’aurait probablement étonnée, à moins que cette photographie soit tombée de la poche de quelqu’un – qui ? Aucune idée. – et qu’il la regardait pour se rappeler les traits de la personne et la lui rendre. Quoiqu’il en soit, cette simple question banale finit par engager définitivement la conversation, et ce fut le jeune homme qui la poursuivit, me répondant d’abord de façon plus explicite que oui, il la connaissait, et moi aussi, selon l’impression qu’il avait eue. Me voyant très mal lui dire le contraire et n’ayant aucune raison de le faire, à vrai dire, je répondis par un hochement de tête, laissant alors l’opportunité à mon interlocuteur de terminer son propos. J’accusai ensuite réception du fait qu’il se présenta, affirmant qu’il était à la recherche de cette fameuse personne, de mon amie, Rosalyn, et qu’il souhaitait que je l’aide. À ce propos, je pinçai les lèvres une seconde, ne sachant pas vraiment quoi dire suite à cela. Après, je ne voulais pas que mon amie ait des ennuis parce qu’un étranger la cherchait, même si Rhys ne semblait pas du genre à vouloir causer des problèmes ou traquer qui que ce soit. Cependant, histoire d’être certaine, je finis par lui répondre : « Moi c’est Maïke, et… Je pourrais vous aider en effet. Par contre, et je m’excuse si ma question est trop indiscrète, j’aimerais savoir… Pourquoi vous la cherchez, en fait ? » J’espérais avoir été assez polie, avoir adopté un ton limite vague, pour ne pas paraître limite agressive, comme celle qui voulait protéger son amie férocement. Oui, je voulais la protéger, être certaine que je ne me faisais pas prendre au piège, elle non plus, mais je n’étais pas agressive non plus, enfin, je n’avais pas de raisons de l’être en ce moment.

Rhys & Maïke

Do you know who you are ?

La première réaction de Rhys par rapport à ma question fut un petit sourire. Honnêtement, cela eut pour effet de me soulager quelque peu, sachant pertinemment qu’il n’avait pas eu une expression réprobatrice, ou bien qu’il n’avait pas semblé tendu suite à mon interrogation, ce qui aurait très bien pu arriver, après tout. Après, cela ne voulait pas dire que j’étais complètement confortable dans cette situation, puisque non seulement, ce n’était pas un sourire qui allait me donner réponse à ma question, mais de plus, peut-être que son sourire voulait dire qu’il avait compris que je m’étais présentée par la même occasion et que de ce fait, ma question aurait potentiellement pu passer au second plan, voire même être complètement ignorée par le jeune homme. Cette hypothèse était quelque peu absurde, je devais l’admettre, et je préférai la tasser rapidement de mon esprit. Heureusement que je l’eus fait d’ailleurs, puisque le jeune homme finit par me répondre, prenant d’abord en considération mon prénom, puis en affirmant que son histoire était plutôt compliquée, enfin, c’était ses dires, pas les miens. Je choisis alors de ne pas broncher, esquissant un petit sourire à mon tour avant de le laisser poursuivre, espérant qu’il le ferait, quand même. Je n’eus pas à attendre bien longtemps; Rhys ajouta qu’en fait, Rosalyn était sa sœur, et il était venu tout droit de Russie pour la retrouver. Cette réponse me laissa légèrement choquée pendant un instant; une tonne de scénarios auraient pu se former dans ma tête au moment où j’avais vu cette photographie entre les mains du jeune homme, mais celui-ci ne m’était pas du tout venu à l’esprit. Pourtant, ce n’était pas comme si je ne connaissais pas l’histoire de Rosalyn; celle-ci était mon amie depuis que j’étais toute petite, je connaissais son histoire par cœur tout comme elle connaissait la mienne. Cependant, cela ne voulait pas dire que je connaissais sa famille de Russie, preuve étant que je ne connaissais pas du tout Rhys, ne serait-ce que de nom. Je ne savais pas pourquoi il était venu jusqu’ici pour la retrouver, si c’était un besoin, une simple curiosité, et je ne me voyais pas le demander, considérant que j’avais joué à l’interrogatoire bien assez à mon goût. Je pinçai alors les lèvres, et je lâchai alors un petit « Je vois… » qui ne menait pas à grand-chose, je devais l’avouer, mais qui était destiné à faire comprendre à Rhys que j’avais compris ce qu’il avait dit. Je marquai alors une pause, et j’ajoutai : « Je peux toujours vous emmener à elle. Il me suffit de la contacter, et je la vois assez souvent. » Je fis alors un petit sourire, confirmant ainsi le fait que ce serait limite un jeu d’enfant, mais un détail m’échappait dans tout cela. Je posai alors une question qui pouvait paraître stupide, mais que je préférai demander quand même : « Elle est au courant que vous êtes ici ? »

Rhys & Maïke

Do you know who you are ?

Même si je n’avais pas nécessairement d’attente concernant la réponse potentielle du jeune homme, je demeurai néanmoins bouche-bée lorsque celui-ci m’avoua qu’en réalité, Rosalyn n’était même pas au courant de son existence. Cela se traduisit par le fait que je considérai alors Rhys, les yeux écarquillés, ne sachant que dire pendant un instant. En fait, rien d’autre ne se forma dans mon esprit à cet instant précis, sauf un gros point d’interrogation qui était probablement visible en fluo sur mon front tant il était évident, tant je n’étais pas capable de le dissimuler. Non seulement, je sentais, encore une fois, qu’il me manquait un épisode quelque part, mais de plus, je ne savais pas trop comment je pourrais aborder la question avec Rosalyn, puisque j’avais probablement un plan dissimulé dans un coin de ma tête pour tout, sauf ça. À court de mots, de propositions, je demeurai stoïque, ne pouvant lâcher qu’un « Euh… » qui ne voulait pas dire grand-chose, tandis que le jeune homme, de son côté, semblait limite se moquer de la situation. Se moquait-il de moi, ou bien de tout cela, parce qu’il avait, en quelques sortes, l’habitude que les gens aient une telle réaction face à ce propos ? Je ne le savais pas, et je ne le saurais probablement jamais, puisqu’il poursuivit en m’expliquant ce qui s’était passé, quand il avait appris l’existence de Rosalyn et tout ce qui venait avec. Je m’efforçai, à la fin de son récit, de lui faire un petit sourire légèrement nerveux, puisque j’avais l’impression qu’il venait de me rappeler que je lui avais dit que je l’aiderais. Ce qu’il me fallait surtout, avant tout, c’était reprendre mes esprits. Je soufflai alors une seconde, puis je finis par dire : « Eh beh ! Oui, en effet, ça peut être bien parti… » Je lui souris en suite, me décidant une bonne fois pour toutes à ne pas le laisser tomber dans ses démarches, mais j’avais encore et toujours ce blocage sur comment procéder à ce genre de chose. Me résignant finalement à assumer le fait que je n’avais pas d’idées précises, je dis : « Et… Vous aviez une idée sur comment l’aborder ? Parce que pour tout vous avouer, je ne sais pas vraiment comment je pourrais introduire la chose, si je peux me permettre de jouer l’intermédiaire entre vous deux… » En fait, c’était probablement la chose la plus simple que j’avais trouvée, même si ça n’établissait pas tout. Après, Rhys préférerait peut-être que je ne m’en mêle pas, que je lui donne simplement l’adresse ou le numéro de mon amie de toujours, mais je ne savais pas si je pourrais être confortable à cette idée, même si le fait que je me tape l’incruste pourrait ne pas plaire au principal concerné, après tout. Je verrais bien selon ce qu’il me dirait.

Rhys & Maïke

Do you know who you are ?

Alors qu’au départ, je pensais avoir affaire à un jeune homme qui savait un peu ce qu’il voulait, ce qu’il comptait faire, compte tenu du fait qu’il avait quand même fait tout ce chemin pour venir ici, à Nassau, avec qui me semblait être un but précis, je me rendis compte que finalement, je le prenais peut-être de court avec mes questions, et qu’en fait, il n’était pas aussi préparé que je ne l’aurais cru. Je ne lui en voulais certainement pas, ce serait extrêmement malpoli de le réprimander alors que je venais de m’incruster sans en connaître grand-chose, sans même être concernée par tout cela dans un premier temps. En fait, je ne devrais même pas être embêtée, sauf que compte tenu du fait que je voulais aider le jeune homme, je n’avais pas vraiment d’options ou de suggestions à lui proposer, sauf peut-être de servir d’intermédiaire entre les deux. Après, par « intermédiaire », je voulais surtout dire de parler à Rosalyn avant tout, lui raconter ma rencontre avec Rhys et lui expliquer ce qui se passait, mais après, je ne savais pas si le principal protagoniste de toute cette histoire serait d’accord, puisque c’était quand même gros comme implication, quand même, j’en étais consciente. C’était pour cette raison principalement que je ne m’en montrai pas offensée, jugeant préférable de réfléchir à sa nouvelle question, tentant alors d’imaginer comment mon amie réagirait. Trouvant soudainement cette question on ne peut plus complexe, je soupirai discrètement, histoire de ne pas vexer le jeune homme, puis je dis : « Honnêtement… Je suppose qu’elle sera surprise, mais après, je ne saurais pas le dire. » Puis, pour justifier et faire comprendre à Rhys que je ne disais pas cela pour lui faire croire que je ne voulais pas l’aider, je lui dis : « Rosalyn et moi on se connaît depuis très longtemps, mais on a jamais vraiment abordé le sujet ensemble. Peut-être que les circonstances ne s’y sont pas prêtées, après tout, donc je ne saurais pas dire comment elle le prendrait… » Je finis par esquisser un petit sourire en coin, et je terminai en affirmant : « Mais ce n’est pas une mauvaise personne, pas au fond d’elle, donc je ne crois pas qu’elle fera un scandale ou quelque chose de mal…. »