Dans une grande et riche maison de Belfast, un petit garçon de pas plus de 5 ans criait et gémissait dans son lit, en sueur. Aiden, était le 2e enfant d’un riche couple de businessman. Sa sœur de 10 ans son ainée arriva dans sa chambre en courant et vint calmer le jeune garçon qui pleurait toutes les larmes de son corps. Lizzie avait l’habitude. Ces temps-ci, depuis presque un an déjà, toutes les nuits, il pleurait, criait dans sa chambre. Personne ne savait ce qu’il voyait durant ses rêves, ni ce qui pouvait bien se passer dans l’obscurité de sa chambre. Il disait être terrifié dans le noir. Lizzie pensait que c’était comme tous les enfants de cet âge-là. Comme ses parents ne semblaient pas s’en préoccuper, elle se dit qu’elle devait se faire du souci pour rien. Mais comme la plupart du temps, elle était chargée de s’occuper d’Aiden et de Mark, son petit frère de 3 ans, Lizzie était la plus concernée par tout cela. 

Aiden était un petit garçon solitaire, complexé et névrosé, refusant catégoriquement de parler aux autres enfants de son âge, qui se moquaient de lui. Au collège, la chose ne s’améliora pas, il était la tête de turc de tout le monde. Aiden était colérique, il pouvait être violent, et se mettait des fois à crier contre tout et n’importe quoi, sans aucune raison. Il pleurait, criait, hurlait. Il était rejeté des autres, peut-être parce qu’ils avaient peur de lui. Pourtant, dans sa folie, le petit garçon, lorsqu’il était concentré et calme, était un enfant très intelligent. Il développa bien vite de grandes aptitudes en mathématiques.
Malheureusement, ses parents ne le surent que lorsque son professeur les convoqua pour leur dire à quel point leur fils était instable, mais, en contrepartie, était intelligent. Ils étaient tous les deux très occupés, leurs travails leurs prenaient beaucoup de temps mais c’était ce qui payait leur grand manoir, dans le cœur de Belfast. Aiden ne les voyait presque jamais, ils partaient tôt le matin pour revenir au cœur de la nuit. Des fois, il pouvait les apercevoir, lorsqu’il était maintenu éveillé par un de ces cauchemars qui le terrifiait. Il le faisait si régulièrement qu’il le connaissait sur le bout des doigts. Mais il ne voulait pas en parler. À qui que ce soit. Ni à sa sœur, Lizzie, qui était comme sa mère, ni à son petit frère qu’il aimait de tout son cœur. Il voulait que personne ne sache. Personne.

Entre le début du collège et la fin du lycée, ses professeurs furent d’accord pour le faire sauter 3 classes. Ils étaient tous d’accord pour dire que ce jeune homme était plus intelligent que la plupart de ses camardes de classe. Il arriva l’année de son bac et le passa sans grands problèmes à l’âge de 16 ans. Il était intelligent, certes, mais ses crises de folie, de cauchemars et de « schizophrénie », si on pouvait appeler cela comme ça, devenait de plus en plus violentes, et longues. Il dormait de moins en moins, devenait de plus en plus instable, violent et imprévisible. Malgré tout cela, il décida de continuer ses études, il fit des études pour devenir finalement, quelques années plus tard, professeur de maths, à l’université de Belfast.

Et Aiden resta professeur là-bas pendant des années. Pendant quelques moments de sa vie à l’université, ce fut difficile, très difficile. Parce que faire cours quand votre folie et vos hallucinations vous guettent de manière complètement imprévisible, ce n’est pas toujours évident. Il manquait ses classes assez souvent, et pourtant, il resta au poste pendant encore pendant une dizaine d’années. Il avait environ 30 ans quand son état fut au pire. Les nuits, il ne fermait qu’à peine les yeux, et quand il dormait des visions aussi horribles que terrifiantes, qui le maintenaient éveillés, et horrifié, en sueur dans son lit, en position fœtale. Il vivait toujours chez ses parents, avec Lizzie et Mark, comme cela semblait être la tradition dans la famille. Sa mère était morte il y a quelques années d’un cancer et il vivait avec son père, qui avait pris l’habitude de boire –trop-, depuis le décès de sa femme. Autant vous dire que l’ambiance n’était pas incroyable dans le manoir Vane.  

Et puis l’état de santé d’Aiden vira complètement. Il était plus nerveux, plus agressif qu’avant. Il s’emportait pour rien du tout, en dehors du peu de cours qu’il donnait, il s’isolait du monde entier. La plupart des gens qui voulaient s’approcher de lui –parmi le peu de ceux qui osaient-, se faisaient rembarrer assez violemment. La seule et unique personne qui pouvait toujours lui parler presque « normalement » sans avoir  à subir une crise d’Aiden trop violente, c’était Mark. Il était le seul être humain que le jeune professeur supportait. À l’université, des élèves commencèrent à se plaindre de leur professeur de mathématiques. Jamais là, violent voire méchant envers certains d’entre eux, et quand il était là, ses cours étaient très médiocres. Pourtant, Mr Vane aimait profondément son travail et sa matière, mais sa « maladie » l’empêchait de le vivre normalement.
Il finit par être renvoyé début 2012. Sa condition là-bas était horrible, de toutes façons il ne pouvait plus continuer comme cela, et à l’université, tout le monde l’avait compris depuis un moment déjà. Mais lui, fut démoli. Pendant plus de deux mois, il resta cloîtré dans sa chambre, n’en sortant que quelques paires de minutes chaque jour. Le peu des relations qui lui restait avec son père et sa sœur se dégrada encore plus. Plusieurs mois passèrent comme ça jusqu’à ce que Aiden ait une grande dispute avec son père. Il déclara ne jamais l’avoir aimé et le lendemain matin, le jeune homme était parti avec une quantité non négligeable de l’argent de ses parents.

L’endroit qu’il choisit fut les Bahamas. Il avait pensé que de vivre dans un endroit si magnifique le ferait éventuellement oublier ce qu’il avait vécu, et peut-être même qu’il guérirait. Et surtout parce que lorsqu’il était allé à l’aéroport, c’était l’endroit qui lui semblait le plus lointain, et le plus acceptable pour ce qu’il comptait y faire : rien. Juste, rester calme, ne pas se préoccuper de rien, essayer de se reposer, et pourquoi pas essayer de atteindre une vie normale. C’était ce pourquoi il avait amené avec lui autant d’argent : de toute façon, chez lui, ce n’était pas ça qui manquait. Une fois là-bas, il ne comptait pas retrouver un travail, pas immédiatement Il comptait vivre là, grâce à l’argent de son père, qui lui permettrait d’être dans un petit appartement pendant un certain temps. Il le trouva, un petit duplex en centre ville, pas trop cher et confortable. De toute façon, il n’avait pas besoin d’une grande maison, il serait tout seul, mais d’un autre côté, il avait vécu toute sa vie dans un grand manoir, donc il ne pourrait pas tout changer aussi facilement. Mais dans un quartier nommé Bay Street, il avait trouvé ce qu’il recherchait : un joli petit duplex, agréable. Il priait pour qu’il se sente bien ici, dans un nouvel environnement, dans une nouvelle vie. Il n’espérait pas se faire des amis ou quoi, il n’espérait rencontrer personne à vrai dire. Juste que ses cauchemars cessent enfin, que sa vie en devienne une.