Qui ne connaît pas l'expression "les apparences sont parfois trompeuses." ? Nos vies sont souvent bâties sur un amas de mensonges. On sourit quand tout va mal, on vante nos mérites, on déjoue les pièges de la vie en se pavanant avec notre petit confort. On fait en sorte d'être à l'abri du danger, cloîtré dans notre petite maison, avec un poste de prestige qui arrondira nos fins de mois. On trime, on rame, on galère dans le but d'avoir notre petite place au soleil.

Les membres de la famille Davenport ne font pas parti des gens qui s'épuisent pour avoir ce qu'ils veulent. Nés avec une cuillère en or massif dans la bouche depuis des générations (merci arrière-grand-père d'avoir fondé une multinationale prestigieuse et d'avoir laissé une véritable fortune à tous tes descendants!), ils font plutôt parti de la catégorie des gens qui n'ont qu'à claquer des doigts pour assouvir leur moindre caprice. Alors, quand Peterson Davenport a jeté son dévolu sur Katherine Jane Bowers, personne ne doutait de leur heureuse union. Ce qu'un Davenport veut, il l'a, même si c'est au détriment des autres. C'est par un beau jour de mai que Katherine J. Bowers intégra la riche et prestigieuse famille américaine, dans la belle église de San Pedro, à Recife (Brésil).

C'est une année plus tard, du haut de ses 22 ans, qu'elle mit au monde un beau petit garçon qu'elle nomma Peter Jefferson, en honneur de son beau-père. La petite famille s'installa dans les beaux quartiers de Londres. En 1983, après les fêtes de fin d'années, Katherine s'isola ans le petit cottage familial, situé au nord de Greenwich, où elle enfanta d'un autre garçon. Kylian Jules Davenport passa ses premiers mois aimé et à l'abri du monde terrible que représente la bourgeoisie. Puis, la famille décida de migrer aux États-Unis pour "affaires".

Kylian a grandi dans une ambiance familiale exécrable. Les beaux quartiers de Manhattan ont fini par avoir raison de sa mère, qui se mit à valser d’un banquet à un autre et a grader dans la haute bourgeoisie New Yorkaise.

"Anecdotes"



« Kylian Jules ! Tu reviens ici tout de suite espèce de petit garnement ! Et appelles ton frère » Une dame un peu ronde de couleur noire essayait tant bien que mal à courir après le petit Davenport qui, pas plus que trois pommes, courrait dans la petite cour de leur immeuble résidentiel. « Ces gamins vont me rendre folle. » Soupira Naïma. Elle avait été engagée par Katherine Davenport quelques semaines plus tôt, suite à la démission de la babysitter antérieure. Mrs Davenport l'avait mise en garde, sans se remettre en question pour autant : « J'espère que vous êtes endurante, Mrs Jackson, mes enfants sont un peu turbulants... » « Vous en faite pas, M'dame Davenport, j'en ai vu d'autres des enfants. Il suffit de savoir apprendre ce qu'ils aiment. » Si elle avait pu s'imaginer, Naïma Jackson, qu'elle devrait s'essouffler après un mouflet de 3 ans et demi, elle se serait peut être abstenue. Elle avait travaillé dans d’innombrable familles de « bourges » comme celle-ci. Elle avait été passionnée par ses petits bouts de vie qu'elle voyait devenir grand. Mais elle n'était plus aussi jeune qu'avant malheureusement, et la patience que demande l'éducation des enfants lui filait gentiment entre les doigts. Kylian continuait de virevolter dans la cours en riant. « Hey ! Madame ! Tu m'attraperas pas. Nananère ! » Fatiguée par ce petit bout d'homme, elle s'appuya sur ses genoux en reprenant son souffle et en soupirant : « Non bonhomme. T'es trop rapide pour la Madame. » Il stoppa net sa course, étonné. D'habitude, les nannys se mettaient hors d'elles quand il faisait ça, et ça l'amusait toujours beaucoup de les voir devenir toutes rouges, puis toutes blanches, alors qu'elles hurlaient que jamais plus elles ne s'en occuperaient. Il la regarda de sa petite bouille d'ange et s'avança en chancelant jusqu'à elle. S'il était doué pour courir, il hésitait toujours quand il fallait marcher. Il passait d'un pied à l'autre, vacillant. Il arriva vers elle, silencieux, et la regarda dans les yeux. Naïma avait un regard terriblement sombre mais dans lequel se reflétait tout l'amour et toute la douceur du monde. Les yeux clairs de Kylian restèrent fixés sur elle quelques instants, puis, il baissa sa petite tête et lui attrapa la main. « C'est pas drôle si toi tu te fâche pas. On va « zouer » tout les deux. Ce sera plus rigolo. » La petite main moite du petit loup dans la sienne, Naïma reprit un peu confiance. C'était un petit démon, elle le savait. Elle savait aussi que son frère était pire encore. Mais si au moins, elle avait la satisfaction de pouvoir essayer....

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« Nama, Nama ! » Un petit garçon, larme à l'oeil, criait dans le grand appartement vide. Il était environ 23h et son frère dormait depuis déjà longtemps. La nanny de Kylian était partie quelques heures avant, quand ils s'étaient endormis et devaient revenir plus tard pour s'assurer que tout se passe bien. Son frère, Peter, avait une autre gouvernante qui se royaumait dans une des chambres, à regarder des films. Elle avait tenté de venir vers Kylian, mais il l'avait chassée en hurlant le prénom de celle qu'il considérait comme sa mère. Quand la femme revint enfin, il couru vers elle en larmes et lui sauta dans les bras. «  Bah alors, p'tit loup ? Tu dors pas à des heures pareilles ? » Il secoua la tête en signe de négation. «  Regardez moi ces larmes de crocodile. Un p'tit garçon sage, c'est pas sensé pleurer à cette heure-ci de la nuit. Un p'tit garçon sage, c'est coucher dans son lit à faire des jolis rêves ! » lui souffla-t-elle à l'oreille en le serrant contre elle. « Mais Nama, z'ai fait un grand cauchemar ! » Ses petites mains frottaient ses yeux pour éponger les larmes et il la fixait, le regard tout écarquillé de fatigue. «  Tu dois pas faire des cauchemars, mon coeur. Tu dois plus faire de vilains rêves parce que demain c'est un jour important ! » « Z'ai pas envie moi.... Tu seras là ? » «  Non, p'tit loup. Tu sais bien que pour tes banquets d'anniversaire, Nama n'a pas le droit de venir. Mais promis, je viendrai t'offrir ton cadeau d'anniversaire demain soir. » Un large sourire se dessina sur le visage du petit garçon :  « Z'ai un cadeau ? C'est vrai ? » Elle rit devant sa mine toute surprise et s'assit en le gardant tout contre elle. La grande baie vitrée devant eux laissait découvrir l'immensité de Manhattan. «  Bien sur. Tu as 5 ans demain, c'est important. » Elle plongea son regard noir dans les yeux clairs du petit garçon. «   Mais tu seras comme un petit mort-vivant si tu ne dors pas un peu... » Il bailla en secouant la tête. « Ze suis pas fatigué.... » Il s'endormit dans ses bras quelques instants plus tard, tandis qu'elle le berçait contre son cœur.



« The Cathedral Basilica of the Immaculate Conception » de Denver se remplissait gentiment de monde. Des personnes âgées, leur mouchoir au creux de leur main, s'avançaient dans l'allée principale pendant que de magnifiques chants gospel s'élevaient du coeur. Le révérant Jones, un congolais d'une soixantaine d'année se préparait dans sacristie. C'était un enterrement particulièrement prenant pour lui qui avait tant connu la défunte. Il s'avança près du grand miroir en enfilant son veston. Ses joues étaient creusées et de lourdes cernes soulignaient ses yeux sombres. Il poussa un petit soupir, attrapa sa liasse de feuilles et se dirigea vers la porte qui l'amènerait devant l'assemblée de gens qui étaient venus commémorer la mémoire d'une femme remarquable. Il passa la porte et découvrit une foule innombrable de visage. Ses yeux parcourraient la salle à la recherche d'une personne en particulier, mais il n'arrivait pas à repérer Kylian. Il secoua la tête, dépité. « Malheur, malheur... ce petit est incorrigible... surtout quand il souffre. » Il poussa un petit soupir et s'avança vers l'estrade sur laquelle il était chargé de déballer son sermon. Le cercueil en bois de chêne était ouvert et entouré de fleurs multicolores. Le corps inerte de Naïma Jane Jackson reposait dans les pétales et son visage, serein, semblait sourire. Elle était décédée la semaine précédente dans l'appartement que lui avait acheté Kylian dans les beaux quartiers de New-York mais la famille avait désiré l'enterré dans sa ville natale : Denver. Les proches, droit comme des i malgré le chagrin et la douleur, recevaient noblement les personnes qui étaient venues rendre hommage et les installaient dans les rangées. Kyara, la plus jeune des filles de la défunte, guettait l'arrivée de Kylian. Personne ne pouvait commencer le culte sans lui. Elle décida de s'éclipser afin de lui téléphoner. Messagerie vocale. Encore et toujours. Elle rentra d'un pas pressé dans la grande bâtisse blanche et s'approcha de Jones. « Mon père, on ne peut pas commencer sans lui... C'est inimaginable ! Il doit être là.... Comment peut-il être aussi irresponsable, aussi lâche ? » « Mon enfant, calme toi. Je sais pertinemment où il est. Et il viendra, fait lui un peu confiance. » « Je refuse que les obsèques de ma mère soient un désastre à cause d'un Davenport ! » Sa voix était furieuse et pleine de larmes. Elle se dirigeait furieusement vers sa place quand la lourde porte de la cathédrale s'ouvrit. Un jeune homme, les yeux gonflés et le regard vide, s'avança dans l'allée et s'installa dans la première rangée. Kyara se leva et s'installa à côté de lui. « Ma parole, tu empestes l'alcool ! » Le révérant s'avança et commença la cérémonie pendant que des chants s'élevaient vers les cieux.

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«Je... Comment dire... » le jeune homme se racla la gorge devant l'assemblée de gens qui se tenaient devant lui. « C'est... La majorité d'entre vous ne me connaissent pas. La plupart n'ont sans doute jamais entendu parler de moi. Je... » Il ravala ses larmes. « Je m'appelle Kylian est Naïma Jackson, aussi fou que cela puisse vous paraître, était ma mère. » Une petite vague de chuchotements s'éleva de la foule. Le jeune homme ne se laissa pas démonté et repris. « Ce n'était pas, vous vous en doutez tous, ma mère biologique. Mais c'est elle qui m'a appris ce que voulait dire la vie. Et ce que signifiait le verbe aimer. Et c'est elle que j'appelais quand je faisais des cauchemars pour qu'elle me berce encore. » Il baissa la tête. « C'est triste. Vraiment triste que je rencontre enfin tous les visages dont elle me parlait dans ses histoires pour un événement si dur. » Sa voix se fendit dans l'air comme s'il suffoquait. Il avait de plus en plus de mal à continuer tout en restant fier. « Mais si vous ne me connaissez pas, cela importe guère. Vous connaissiez la femme merveilleuse qu'elle était et les magnifiques choses qu'elle a accomplies. Elle a élevé ses enfants de la manière la plus noble qu'il m'aie été donné de voir. Et elle a réussi à élever également des enfants qui n'étaient pas les siens. Quand elle a débarqué à New York, en 1986, elle a été engagée pour s'occuper de moi. Moi qui avais l'habitude, du haut de mes trois ans, je ne vous le cache pas, de faire démissionner n'importe quelle nanny que mon abominable mère choisissait pour assumer des responsabilités qu'elle aurait dû assumer elle. Je n'ai jamais réussi à exaspérer Naïma. C'est elle qui a fini par avoir la petite terreur que j'étais. C'est elle qui a fini par me forcer à m'attacher. Qui m'a redonné confiance. C'est dur pour tout enfant, de grandir seul. De s'épanouir seul. De s'épuiser à essayer de rendre fiers des parents qui, visiblement, n'en ont absolument rien à faire. Ne croyez pas que les enfants de riches familles grandissent plus heureux ou plus gâtés. Seul l'amour élève les enfants. » Ses yeux s'embuèrent de larmes et il prit son visage dans ses mains en soupirant. « Et tout l'amour que j'ai jamais reçu je le dois à elle.... et à elle seule. Elle qui était là pour mes bulletins scolaires. Elle qui me prenait dans ses bras en me racontant des histoires quand je ne dormais pas. Elle qui me soutenait dans toutes les situations. Elle qui affichait le plus beau des sourires pour ma remise de diplôme et qui m'a encouragé à choisir la meilleure université.... » Il prit son courage à deux mains et fit face à l'assemblée. « Elle qui a fait de moi ce que je suis. » Il sentait les regards braqués sur lui et dû prendre sur lui pour ne pas céder à la douleur ou à la panique. Il s'approcha du cercueil, titubant et repris :  « Nama... Ma Nama....Je ne sais pas si tu es fière de moi ou si au contraire tu as terriblement honte de tout ça...Je ne sais pas si tu nous vois, là où tu t'en es allée, mais j'espère que c'est beau. Aussi beau que tous les pays imaginaires dans lesquels tu m'emmenais quand je réclamais des histoires... Aussi beau que toi. Je.... » Il ne retint plus ses larmes et s'accroupit devant le linceul. « Tu me manques affreusement. Et je sais que tu me manqueras toute ma vie... »


« Ouaip, salut patron ! Je suis en Angleterre là ! J'ai présenté nos produits et tu sais quoi ? » Kylian avait décroché et écoutait son assistant s'extasier au bout du fil. « ON A SIGNÉ MEC ! Ils ont été monstre emballé par l'idée et le contrat est dans la poche ! Tu peux venir au plus vite pour signer ce foutu contrat mon pote ! Les millions nous attendent ! T'es heureux ? » Il ne put s'empêcher de lâcher un soupir de soulagement. « Je viens au plus vite, faut que je règle deux-trois petites choses. Je devrai arriver demain dans la matinée. Tu peux fixer le rendez-vous pour 13h ? » Il se mordit la lèvre en réfléchissant à ce fameux contrat. « Je suis content que tu aies fait le déplacement d'abord, Tevor, mais les termes du contrat seront à décider demain. » « Ouaip', je sais Kyller ! Mais dis-toi que le plus gros est fait. »

Du haut de ses 27 ans, Kylian Davenport possède tout ce qu'il peut désirer. Son entreprise prestigieuse, « Day'n'port », dont l'éthique est de promouvoir un service technologique de haut niveau et un luxe inconsidérable dans les transports maritimes en tout genre, Kylian fait partie du plus demandé pour tout ce qui est « confort et luxe » dans les yachts du beau monde. De plus, Kylian est bientôt dans le top 50 des hommes les plus riches du monde. (C'est vous dire s'il va pas tarder à rattraper Bill Gates). Il a une magnifique petite amie, une résidence secondaire sur chaque continent et possède quelques pieds-à-terre dans les 4 coins des USA (soit des jolies petites villas de 6-7 pièces chacune).



Cela faisait maintenant une demie-heure que les voix s'élevaient de plus en plus dans une des résidences de Miami Beach. Une jeune femme, en larmes, se tenait dans encadrement de la porte en vociférant toutes les pires injures : « Tu n'es qu'un égoïste Kylian. Un foutu égoïste. Tu sais très bien ce que j'ai traversé ! Tu le sais très bien et tu penses qu'à ta petite gueule d'ange. » Elle se laissa glisser contre le battement de la porte, la tête entre les mains. Il s'approcha d'elle mais elle le repoussa violemment quand il voulut la consoler. « Andréa je t'en prie... Tu sais très bien que je ne voulais pas te faire souffrir en te rappelant tout ça. Je sais ce que tu as vécu.... mais comprend que... » Elle lui coupa la parole : « Comprendre ? Et toi, t'essaies de comprendre peut-être ? Va te faire voir avec tes « essaies de comprendre » et tes putains de « je t'aime ».» Elle se releva et lui lança un regard noir. Kylian la laissa passer. Il ne l'avait jamais vu dans une telle rage en 6 ans de relation et cela faisait déjà maintenant tellement de temps qu'ils s'engueulaient qu'il en avait presque oublié pourquoi. Il la regarda s'éloigner vers la chambre. Il soupira, s'assit sur le rebord du canapé et posa sa tête entre ses mains, décidant de la laisser reprendre un peu ses esprits et d'en profiter pour se calmer également. Il passait bien trop souvent pour l'égoïste de service, avec elle, alors qu'elle pensait principalement à elle également. Elle ressortit quelques instants plus tard avec sa valise. Il la regarda d'un air perdu. « Oh, tu peux bien me lancer ce regard Kylian. Mais profites, parce que c'est la dernière fois que tu me vois.... Je... » Elle pleurait, mais le ton de sa voix démontrait qu'elle ne plaisantait pas. Qu'elle ne reviendrait pas en arrière, pas cette fois... « C'est fini, cette fois. Et pour de bon ! » Il la supplia du regard, puis avec des mots. Il tenta de la retenir, mais elle claqua la porte et ne la franchit jamais plus.

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AUJOURD'HUI

6 mois plus tard, Kylian décide de venir aux Bahamas. Dans un premier temps pour prendre du bon temps, dans un deuxième temps pour trouver des collaborateurs pour agrandir (encore) son entreprise. Après avoir profité de l'alcool et des jolies filles, il compte passer l'île au peigne fin s'il le faut, afin revoir la femme qu'il considère être la femme de sa vie. Il ne connait personne à part elle et n'a aucune idée de où elle se trouve exactement, mais il compte bien la retrouver.... Il ne se doute pas un instant que ce sera bien plus tôt que prévu....