C’était une journée étonnamment tranquille à l’hôtel. Enfin, aux premiers abords, c’était plutôt surprenant de ne pas voir grand-monde à la piscine comme à la plage, mais lorsqu’on y repensait, cela avait un certain sens; non seulement, c’était la fin des grandes vacances pour nombreuses gens, mais de plus, le temps ne se prêtait pas vraiment à la baignade ou au bronzage. Il ne pleuvait pas nécessairement, mais les nuages étaient grandement présents, ce qui ne rendait pas l’atmosphère nécessairement agréable pour profiter du temps extérieur. Toutefois, peu importe les raisons, peu importe les circonstances, une chose était certaine, c’était que la journée serait plutôt longue, surtout s’il n’y avait pas grand-chose à faire. Ça, je pouvais le savoir avant même de commencer à travailler ce matin-là, et le tout se confirma lorsque je me présentai à la piscine et qu’outre tourner en rond, ramasser quelques saletés qui trainaient çà et là et discuter avec le quelque peu de gens qui étaient assez braves pour sortir quand même, malgré le fait que la plupart du temps, c’était pour simplement venir marcher, sans se baigner ou quoi que ce soit.

Au bout du compte, cette tranquillité fut à un tel point qu’au moment de ma pause, je me portai volontaire pour aller donner un coup de main à la plage, qui, apparemment, était un peu plus occupée que la piscine. Au moins, j’aurais peut-être mieux à faire, et de plus, pendant cette même pause, j’avais été obligée d’aller prendre ma petite dernière, Everleigh, à la garderie, puisque celle-ci refusait apparemment de participer aux jeux qu’on lui proposait pour la journée. La plage serait, pour le coup, plus intéressante pour elle, et cela me permettrait de mieux la surveiller tout en continuant de travailler quand même.

Une fois que ma pause fut terminée, je pris alors le chemin de la plage en compagnie de ma petite princesse d’un an et demi. Nous commençâmes alors à marcher un peu sur la plage. Je la laissai trottiner devant moi, la tenant à deux mains, sachant que bientôt, non seulement, elle aurait assez d’équilibre pour que je ne la tienne plus, mais au fur et à mesure que ma grossesse avancerait, je ne pourrais plus restée penchée ainsi bien longtemps. En revanche, dans la situation présente, cette posture ne m’aida pas à être réellement vigilante, puisque soudainement, des bruits de pas inhabituels se firent entendre, et juste à temps, je relevai la tête, voyant alors un cheval apparaitre dans mon champ de vision, si rapidement que j’eus seulement le temps de prendre Everleigh dans mes bras, me décaler et faire, par réflexe : « Attention ! » sur un ton légèrement paniqué, limite dans un cri, comme si je voulais avertir la personne qui montait ce cheval, me doutant bien que celui-ci n’était pas seul à la dérive, ou du moins, j’espérais que ce n’était pas le cas.

Pour être certaine que j’étais assez loin de la route tracée par la monture, je choisis de ne pas commencer à marcher ou courir, ma fille dans les bras, sachant que non seulement, elle n’était plus toute petite, mais de plus, le fait que j’étais enceinte ne me permettait pas de me déplacer aussi rapidement, plus maintenant, en tout cas. Ce que je fis plutôt, c’est que je me poussai le plus possible avec mes jambes, tombant ensuite en position assise, Everleigh me faisant face, ce qui faisait en sorte que je pouvais la garder contre moi, histoire de la rassurer. Pourquoi la rassurer ? Tout simplement parce que, et c’était tout à fait normal, le fait que j’eus crié limite dans ses oreilles lui avait fait peur, et elle avait commencé à sangloter et pleurer légèrement. Je n’allais certainement pas la laisser ainsi bien longtemps, déjà que je me sentais mal d’avoir été si peu attentive et avoir fait en sorte qu’elle soit aussi effrayée. Doucement, je couvris son petit visage de baisers, je lui chuchotai des mots à l’oreille et je lui caressai le dos, histoire de lui faire savoir qu’il n’y avait rien à craindre, ce qui n’était toujours pas simple à croire, à un an et demi. Cependant, j’y mis tellement de volonté et d’amour pour ma fille qu’au bout d’un moment, elle finit par se calmer un peu, moment qui fit en sorte que j’oubliai la présence du cheval et de son cavalier ou sa cavalière pendant ce temps.

En fait, je réalisai la présence d’une personne et de sa monture seulement lorsque celles-ci s’approchèrent et que j’entendis une voix me demander, avec un accent fort qui me faisait comprendre qu’elle n’était pas d’ici, si tout allait bien. C’est à ce moment que je relevai la tête, et que je vis une jeune femme. Rapidement, je lui hochai la tête positivement, et tentant tant bien que mal de garder Everleigh contre moi, puisque même si elle ne pleurait plus, elle n’était visiblement pas totalement calmée, compte tenu du fait que je la sentais trembler dans mes bras. Puis, une fois debout, je m’approchai de la demoiselle blonde, juste au moment où elle s’excusa de cet incident. Je lui dis alors : « Non, elle a juste eu peur… Mais ça va aller… » Même si je n’avais fait que répondre à la première question de la jeune femme, je n’avais pas oublié la seconde pour autant, et je m’empressai donc, après une petite pause, je m’efforçai de sourire, et je lui dis : « Ce n’est pas grave. Je dois admettre que c’est un peu ma faute aussi, je ne regardais pas vraiment où nous allions, pour tout dire. »