Qui dit jour de congé, dit grasse matinée. Surtout quand on vient de passer sa soirée à faire la fête ! C’était vraiment excellent et je m’étais amusée comme jamais. Sûrement la dernière soirée de mes dix-sept ans puisque ma majorité arrivait à grand pas, mais je n’étais nullement nostalgique. Il y avait eu tellement de monde chez moi que je m’étais à peine souciée de mes pauvres voisins. Certes, j’avais tout de même veillé à ne pas faire trop de bruit mais comme tout s’était passé dehors … Enfin bref, lorsque j’ouvre les yeux mon réveil indique onze heure et demie. Je m’étire longuement avant de faire la grimace à cause de ma tête qui bourdonne. Peut-être que je n’aurais pas dû boire autant, surtout que certaines parties de la soirée sont floues. Je me lève du canapé sur lequel j’ai dû m’écraser après avoir laissé tout le monde partir, et pars me préparer un bon café. Le temps qu’il chauffe, je cherche la boite de paracétamol et en avale un comprimé. Je n’ai pas tellement fin et le liquide noir suffit amplement à mon pauvre estomac.

Je prends un douche froide qui me fait un bien fou, enfile une petite robe courte et m’attache les cheveux en une queue de cheval assez haute. En redescendant vers le salon, je me rends compte que je n’ai toujours pas vu Jazzy. Je m’inquiète aussitôt et sort dans le jardin, complètement paniquée. « Jazzy ! Jazzy ! Jazzy, où es-tu ? » crié-je en parcourant tout l’arrière de la maison en espérant entendre son petit jappement auquel je me suis déjà habitué. Je cours vers l’avant de la maison en continuant de plus belle. « Jazzy ! T’es où mon grand ? » appelé-je en regardant des deux côtés de la rue. Qu’est-ce qui a bien pu se passer hier soir ? Où est passé mon petit chiot ? Je continue de crier son nom tout en avançant sur le trottoir, quitte à réveiller les voisins.

Spoiler:

Extérieurement, je suis calme. Même ma voie est plutôt tranquille. Sauf qu’en réalité, je suis complétement paniquée. Je soupçonne mes yeux de trahir cet état que je tente tant bien que mal à cacher. Et si il était arrivé quelque chose à mon petit chiot ? Je ne me le pardonnerais jamais. Il a beau être un cadeau de Savana, j’y tiens tout de même énormément. Puis c’est un animal, un être vivant. Je ne peux pas y être insensible. Alors je cherche désespérément cette boule de poil, écartant les poubelles pour voir s’il ne s’est pas coincé entre les sacs et les centenaires. Je vais jusqu’à m’accroupir pour regarder sous une voiture, persuadée d’avoir entendu un minuscule jappement. « Désolé, mais Jay-Z il est avec Beyoncé, pas ici… » me dit une voix juste à côté de moi. Je me redresse pour regarder à qui elle appartient. Il s’agit de Sven, mon voisin. Je me relève maladroitement et lui répond nerveusement « Merci de l’info, mais je suis plus à la recherche d’un chien fuyard que d’un rappeur mal accompagné. » tout en essayant de garder le sourire. Je fais une courte pause pour regarder autour de nous. « T’aurais pas vu un bébé labrador couleur sable ? Il a dû s’enfuir pendant la nuit … » le questionné-je tout en entortillant une mèche de cheveux autour de mon doigt. Qui sait, peut-être que le beau brun l’a vue à un moment ou à un autre ?

Sven met les mains dans ses poches et j’ai soudainement l’impression de le déranger plus qu’autre chose. Malgré cela, sans répondre à ma question même si je suppose que cela veut dire “non”, il me propose tout de même son aide en me demandant s’il doit aller chercher de l’autre côté de la rue. Je n’ai même pas le temps d’acquiescer qu’il se met à appeler le fugitif en regardant çà et là s’il ne s’y cache pas. Je souris, contente que mon ami me vienne en aide, bien que ce soit à contrecœur, tout en continuant d’arpenter le trottoir.

Cinq minutes passent et seuls nos appels résonnent dans la rue déserte. Pas un seul minuscule aboiement ne nous indique que Jazzy se trouve à quelques pas de l’un d’entre nous. Un peu plus désespérée mais résolue à ne pas embêter plus longtemps mon voisin avec cette histoire, je le rejoins pour lui dire « Désolée de t’avoir fait perdre ton temps … Tu n’es pas obligé de rester tu sais. Si tu veux partir je … » commencé-je à lui dire lorsqu’une boule de poil dorée arrive en courant vers nous pour se jeter à nos pieds en remuant la queue. « Jazzy ! » dis-je en retrouvant toute ma gaieté. Je le prends dans mes bras afin de le calmer mais surtout pour qu’il cesse d’embêter Sven -qui fait une drôle de tête. « Désolée, il est encore jeune. » m’excusé-je en caressant la tête de mon labrador. « Je peux t’offrir quelque chose, pour te remercier de m’avoir aidé ? » lui demandé-je avec un sourire timide aux lèvres.