i don't think you see the places inside me that i find you.

Dix heures. Melba émerge enfin de son lit après une nuit à dormir comme une masse. Elle était habituée aux grasses matinées, et par conséquent, à être seule à l’appartement lorsqu’elle se réveillait. En effet, la plupart du temps, Ellie était au boulot ou en cours, Sage pareil et Cameron dans les airs ou en train de s’envoyer en l’air. Elle ne prit donc pas la peine de s’habiller pour prendre son café de matin ainsi qu’un verre de jus d’orange. Constatant qu’il n’y avait pas de café, elle ronchonna avant de se poser le dilemme entre aller acheter du café tout de suite, rentrer et s’en faire une tasse, ou aller au coffee shop le plus proche et se prendre une tasse. Elle décida de faire les deux en même temps, à savoir passer au coffee shop puis aller faire les courses par la suite, profitant du moment pour remplir le frigo. Elle embarqua la liste, pris de l’argent dans la cagnotte et partie en direction du centre-ville. Après quelque minutes de marche, elle arriva à la boutique, commanda son moka et attendit le temps qu’on la serve. Elle ne s’étonna pas de voir « Shelba » sur le gobelet en carton, cependant, lorsqu’elle leva la tête, elle oublia totalement le nom marqué, puisque c’est un autre nom qui lui vint en tête. Elle attendit qu’il la regarde dans les yeux pour comprendre que oui, Shane était de retour. Melba savait pertinemment que c’était Shane, sachant que Stefan ne lui faisait pas cet effet lorsqu’elle le voyait. En effet, elle sut que c’était son ex lorsqu’elle eut envie de le tuer et de l’embrasser en même temps. Après quelques secondes de réflexion à se demander si elle y allait ou pas, elle décida de jouer la carte de la fille sûre d’elle étant passée à autre chose et s’avança vers lui d’un pas sûr. Elle se posa devant lui et dit « - Je ne savais pas que tu étais rentré ! ». Melba se rendait compte que son air enjoué paraissait faux, mais après tout, des deux, c’était lui l’acteur. La vérité, c’est qu’elle s’était surprise puisqu’elle pensait qu’elle allait perdre encore plus ses moyens lorsqu’elle le reverrait, du moins c’est ce qui ressortait de ses rêves. En effet, plusieurs fois elle l’embrassait, plusieurs fois elle le frappait, mais plus de fois elle se cachait derrière un pot de fleurs, allant même jusqu’à s’enfuir parfois. Cette fois, cependant, Melba était fière d’elle puisqu’elle s’était retenue, et qu’elle avait même réussi à se donner une contenance, même si elle ne tenait pas la route.

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Un milliard de pensées se bousculent dans la petite tête de la jeune femme. Elle qui s’attendait à une journée banale se retrouve devant l’homme qu’elle considérait comme l’homme de sa vie, et ce n’est pas la chose la plus aisée qui lui soit arrivé de régler. Elle a tellement envie de tout lui faire qu’elle ne fait rien, restant totalement impuissante face à lui. Lorsqu’il lui dit qu’il n’est rentré qu’avant-hier, elle n’est pas vraiment surprise qu’elle ne l’ait croisé que maintenant. Mais surtout, elle n’est pas surprise qu’il ne l’ait pas rappelée pour lui parler de son film. Les premiers jours suivant leur rupture, elle en a attendu des coups de fils, elle a supplié pour qu’il la rappelle en disant qu’il était désolé et qu’il ne voulait pas la quitter, mais malheureusement cet appel n’était jamais arrivé, et aujourd’hui il était rentré sans même l’avoir prévenue, ce qui lui faisait comprendre que c’était bel et bien terminé.

Elle s’installa sans aucune gêne sur le tabouret devant lui, espérant qu’il n’attende pas une co-star potentielle qui serait sa petite-amie maintenant. C’avait beau lui paraître inconcevable qu’il l’ait remplacée, mais il n’était pas rare que l’acteur principal d’un film finisse avec celle qui jouait sa petite-amie à l’écran. Son estomac se noua alors, et l’envie de café lui passa, malgré le fait qu’elle ne puisse pas commencer une journée comme il faut sans. Après tout, sa journée étant déjà gâchée, elle n’était plus à ça près. Melba, toujours dans son idée de montrer que tout allait bien, même si elle avait passé la nuit dernière dans le lit de son meilleur ami à pleurer toutes les larmes de son corps, sourit de son sourire qu’elle savait le plus aguicheur tout en étant soft, et dit « Et c’est quand qu’il sort en salles, que je vois au moins le chef d’œuvre qui a ruiné notre couple. ». Bon, bah elle n’avait pas tenu longtemps en fille qui se foutait de tout, et malheureusement pour lui, ce n’était que le début du spectacle de Melba la furie. Pour l’instant ce n’était qu’une légère pique, mais connaissant la jeune femme, ça n’allait pas aller en s’améliorant. De plus, rancunière et têtue comme elle était, elle n’allait pas le lâcher jusqu’à ce qu’il avoue qu’il l’avait trompée, ou que quelque chose de bien plus bizarre se cachait derrière cette rupture, même si pour la brunette l’excuse était claire, nette et précise : il s’était trop pris au sérieux et avait sauté sur tout ce qui bougeait, pendant qu’elle passait ses journées à se morfondre chez elle, et pleurer pendant des heures devant tout ce qui lui rappelait que son ex s’en foutait d’elle et préférait la compagnie de belles actrices mille fois mieux gaulées qu’elle. Juste pour ça, elle avait envie de lui balancer le contenu du gobelet en pleine figure, mais elle se retint, attendant des excuses de la part du jeune homme lors de cette rencontre fortuite. Finalement, elle était assez satisfaite d’être tombée sur lui. En effet, elle savait pertinemment qu’elle n’aurait jamais eu les couilles d’aller frapper chez lui et de lui demander des explications, et visiblement lui était loin d’être sur la même longueur d’onde qu’elle, donc il ne se serait pas pointé chez elle pour lui faire un coucou. Maintenant qu’elle l’avait devant elle, elle ne comptait pas le lâcher comme ça.

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Lorsqu’il dit que tout est de sa faute, Melba hausse des épaules, son geste quand ils se voyaient encore, et continu de sourire de la même façon. Pour mieux faire comprendre ce qu’elle pense, elle hoche la tête et dit « - Si tu ne m’avais pas larguée comme une merde, on ne se sentirait pas comme deux cons qui ne savent pas commun agir l’un envers l’autre. ». Sur ce, elle rapporta son attention sur son gobelet en faisant glisser ses doigts sur le bord avant d’en boire une gorgée. Ce n’est que quelques secondes après que Shane daigne enfin répondre à sa question, à savoir que le film ne sort que dans un an. Elle hausse les épaules et dit « - Ah merde, je vais devoir attendre avant de brûler des posters de toi… ». Elle sait que ce n’est pas très mature, mais elle s’en fout, parce que la vérité, c’est qu’elle avait vraiment envie de faire ça. Brûler sa tronche de merdeux.

A sa grande surprise, Shane rajoute quelque chose auquel elle ne s’attendait certainement pas. En effet, comme s’il ne l’avait pas assez énervée comme ça, il rajoute qu’il ne faut pas qu’elle parle d’eux pour ne pas alerter les paparazzis. Là-dessus, elle ne peut retenir un rire avant de prendre sa main et de dire « - Bah alors chéri, t’as une petite-amie là-bas qu’il ne faut pas qu’elle soit au courant ? ». Pour accentuer tout ça, elle caresse doucement la main qu’elle tenait quelques secondes auparavant, toujours en faisant un sourire aguicheur. Elle devait avouer que ce nouveau côté arrogant qu’il se donnait le rendait sexy, néanmoins, pour la première fois depuis longtemps, elle relativisait sur leur rupture. En effet, elle avait toujours pensé qu’elle allait le retrouver tel quel, et quelle n’a pas été sa surprise lorsqu’elle  découvert qu’il avait un égo tel qu’elle se demandait comment il pouvait encore passer les portes. Elle avait toujours remarqué qu’il était sûr de lui, mais elle n’avait jamais vu cela comme un défaut. Peut-être était-ce le fait d’être la star d’un film qui l’avait fait ne plus se sentir pisser. Cependant, ce qu’il ne savait pas, c’est que son petit manège n’impressionnait  pas du tout Melba qui le connaissait mieux qu’il ne pensait, et qu’elle se doutait que quelque chose clochait, cependant elle ne savait pas dire quoi. La seule explication logique pour elle était qu’il l’avait trompée, et qu’il avait besoin de montrer qu’il s’en foutait. S’il voulait jouer, alors elle était prête à lui faire regretter tout ça, parce qu’elle savait que s’il ne ressentait pas un petit quelque chose, il ne s’emmerderait pas à tenter de la faire sortir de ses gonds comme ça. Quelqu’un dont tu te fous, tu lui fous la paix, tu ne tentes pas de tout faire pour que la personne avoue ce qu’elle a sur le cœur. La preuve en était lorsqu’on regardait un peu le comportement de Melba. Melba se rendait bien compte de ce qu’il se passait : chacun en voulait un l’autre, et ce serait au premier qui craque d’avouer ses torts, mais têtue comme la jeune femme était, elle ne comptait pas abandonner si vite, peu importait le temps que ça prendrait. Cette situation n’étonna pas Melba, ç’avait toujours été comme ça, entre eux. Ils avaient toujours eu tendance à se tourner autour pendant un moment pour me se retrouver par la suite. S’il fallait jouer, elle jouerait, mais elle n’allait certainement pas perdre la face, même si c’était avec Shane.

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Shane a la réaction attendue par la jeune femme : il retire violement sa main de la sienne, réaction à laquelle elle ne peut que sourire victorieusement, contente de prouver qu’elle aussi peut lui faire perdre la face en se forçant un peu et en faisant preuve de ténacité. Son sourire n’est qu’amplifié lorsqu’il lui dit qu’il aurait dû accepter les demandes de mariage, allant même jusqu’à la faire rigoler. Elle répond alors en haussant les épaules « Oui, au moins tu aurais eu une vraie raison de me larguer. », tout en buvant une autre gorgée du café, qui – fallait l’avouer – commençait à devenir froid et plus très bon. Peut-être allait-elle pouvoir se servir de cette excuse pour écourter la rencontre qui à ses yeux virait en totale catastrophe. Elle savait que leurs retrouvailles n’allaient pas être toutes roses, mais là, on dépassait toutes les espérances. Elle pensait sincèrement qu’à un moment ou à un autre, l’un des deux allait frapper l’autre, ou lui renverser la table sur les genoux. Et tout ceci lui faisait mal, après tout, avant d’être son petit-ami, Shane était son ami, et tous les deux avaient une complicité qui avait persistée même après qu’ils aient décidé de se mettre ensemble, et mis à part ses câlins et ses bisous, c’était ce qui manquait le plus à Melba. Elle avait beau avoir ses trois foufous de colocataires, il lui manquait quelqu’un qui faisait tout pour la mettre dans des situations étranges pour ensuite mieux se faire pardonner, comme lorsqu’il s’était amusé à mettre du cellophane sur sa porte d’hôtel au début de leur amitié. C’est des choses comme ça qui manquaient à Melba, et elle avait l’impression qu’elle ne pouvait le retrouver avec personne d’autre.

Se sentant totalement impuissante, elle l’écoute lui dire qu’il se barre, tout en restant sexy, ce qui la rend encore plus scotchée à son siège. Pas parce qu’elle ne s’y attendait pas, après tout, c’est elle qui avait commencé à faire son espèce de numéro de charme, mais parce qu’elle réfléchit à mille à la seconde dans sa petite cervelle de moineau, et que la seule chose qui lui vient, c’est de dire « Je sais que ça ne te fais pas plaisir, et à moi non plus, mais après tout ce que tu m’as fait subir, j’espère que tu ne t’attendais pas à ce que je t’accueille les bras ouverts avec des petits biscuits maison. ». Elle le fixe, ou plutôt son dos, attendant une réaction de sa part. Peut-être que c’était les derniers mots qu’ils s’adressaient, c’est pourquoi elle voulait qu’il sache pourquoi elle était comme ça, mais surtout que même si ça lui faisait mal, elle allait continuer, parce qu’elle était comme ça : quand on l’aimait, elle rendait, mais quand on la faisait souffrir, elle rendait aussi. Si ç’avait été une autre personne qui lui avait fait ça, elle n’aurait pas réagi comme ça, mais là, c’était Shane, le seul gars à qui elle avait donné sa confiance et son cœur depuis Ezeckiel, et elle espérait par-dessus tout que ce soit le dernier, or, à ses yeux, il ne semblait pas prendre ça au sérieux, et c’est ce qui lui faisait mal, et qu’elle voulait lui faire comprendre.