Brooke & Mathys

Tequila turned me into someone else

« Non, merde, Erin, arrête ! » Je me réveillai en sursaut alors que ma fiancée, ou plutôt mon ex-fiancée, était en train de me mettre un nouveau coup de batte en plein visage. Les yeux grand ouverts, je regardai autour, j’écoutai tous les bruits environnants, pour me rendre compte qu’aucun bruit de pas ne se faisait entendre dans l’appartement, et que tout cela n’était qu’un rêve. Je soupirai, et je me laissai tomber de nouveau dans l’oreiller un instant pour me remettre de tout cela. Pourquoi fallait-il que ce soit moi qui dépeigne mon ex comme le diable alors qu’en fait, c’était moi qui était à la cause de notre rupture ? Pourquoi fallait-il qu’elle vienne me hanter alors que je disais bien vivre avec ma décision, décision que j’aurais du prendre il y a bien longtemps, bien avant que je lui demande sa main ? Je ne trouvais pas d’explication à tout cela, et cela me frustrait, malheureusement, parce qu’étant en congé, je ne savais pas du tout comment faire pour passer par-dessus tout cela, pour m’en remettre. Il est certain que squatter le canapé de Camille n’était pas là la meilleure solution, et se passer de l’eau dans le visage, comme je le fis une fois que je daignai me lever, ne l’était pas non plus.

Désespéré, je cherchai aussitôt quelque chose à faire, pour m’occuper l’esprit, me changer les idées. Je regardai par la fenêtre du logement, et je vis alors la mer bleue s’étendre à perte de vue. Je n’étais pas un grand amateur de plage, mais aujourd’hui, je ne dirais certainement pas non. Suivant alors cette idée, je me préparai bien banalement ; maillot de bain, t-shirt, sac de plage et serviette, et je me rendis aussitôt à cette fameuse plage. Heureusement, non seulement le trajet me fit du bien, mais en plus, l’air salin venant chatouiller mes narines me fit soudainement sentir mieux, plus assuré. N’attendant pas plus longtemps pour en profiter, je déposai mes affaires sur le sable, étendit ma serviette pour délimiter ma place, puis je me rendis à l’eau, profitant de quelques instants, une fois que j’eus de l’eau à la taille, pour contempler l’étendue bleutée, laissant les petites vagues chatouiller mes jambes et mes mains.

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Pour tout dire, jamais je n’aurais cru que le simple fait d’être dans l’eau, de contempler l’horizon comme si rien ni personne ne pouvait me retenir me fit sentir soudainement plus serein. J’étais capable de chasser de mes pensées ce fameux mauvais rêve récurrent, bien que je savais pertinemment que cela n’effaçait pas tout, que j’avais fort à faire pour pouvoir parvenir à être finalement en paix avec moi-même, avec tout ce qui m’entourait, et finalement prendre de justes décisions pour la suite. Parce que quitter sa fiancée, tout plaquer pour une histoire d’un soir, c’était chose énorme, et je n’avais jamais prévu la chose, le tout étant arrivé soudainement, sans que je le commande. Par contre, je ne reviendrais pas en arrière, demander à Erin de me pardonner n’était pas dans mes plans, parce que pour une fois, j’avais écouté mon cœur, mon instinct, et je m’étais senti bien. Je me sentais plus libre par rapport à cette décision, mais ce que j’allais faire après restait obscur. J’avais beau tenter de voir ce que je pourrais faire, comment je pourrais régler tout cela, c’était encore flou, si bien que j’en poussai un soupir. Visiblement, c’était encore trop frais pour que je tente de planifier quoi que ce soit, et il valait mieux que je lâche l’idée.

Ne sachant pas depuis combien de temps j’étais planté là, dans l’eau, je choisis de me secouer un peu. Je voulus alors avancer un peu histoire de plonger, mais je n’eus pas le temps ; quelque chose, ou plutôt, quelqu’un, me sauta dessus sans que je m’y en attende, me donnant alors un accès de paniquer. Je ne sus pas garder mon équilibre, et je me plantai royalement dans l’eau. Je pus toutefois me retourner, histoire de voir qui avait bien pu me sauter dessus, et je vis soudainement ma meilleure amie. Je me calmai un peu, mais malgré tout, je ne pus m’empêcher de lui dire, haletant : « Bordel, Brooke, tu m’as fait peur ! J’ai cru que j’allais avoir une attaque, ne me refais plus jamais ça ! »

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Un semblant de sourire malicieux apparut sur mes lèvres au moment où Brooke me dit que j’aurais le droit de me venger. Pourquoi semblant ? Parce que dans un premier temps, cette réaction fut un réflexe plus qu’autre chose, mais au fond de moi, je ne savais pas vraiment si j’avais nécessairement de me venger à proprement parler. Non pas que je ne voulais pas faire payer mon amie, mais plutôt parce que dans d’autres circonstances, j’aurais déjà préparé ma vengeance et Brooke serait actuellement dans le fond de l’eau, ou bien dans mes bras à supplier que je ne la balance pas plus loin. Apparemment, ce n’était pas dans mes projets, comme si la force me manquait de la balancer par-dessus mon épaule, alors que normalement, ce n’était pas quelque chose qui me gênait. Pire que cela, lorsqu’elle me dit que ce n’était pas une bonne idée, je ne cherchai même pas à protester, ne serait-ce que pour plaisanter ; je ne fis que hausser les épaules, puis je dis : « En effet, de toute façon, je ne saurais pas être original, aujourd’hui. » Je soupirai fortement, désespéré de voir comment je n’étais plus moi-même, comment je n’étais même plus capable de me changer les idées alors que je me retrouvais maintenant avec une des seules personnes qui saurait me remonter le moral et me fait oublier tous mes problèmes pendant des heures. Après, il fallait dire que Brooke n’était pas encore au courant, tout cela était trop frais, et je ne savais même pas si j’étais prêt à lui lâcher une telle nouvelle ainsi, maintenant. De ce fait, pour tenter de retarder ce moment où j’allais laisser tomber cette grosse bombe, je dis : « Ça va toi ? »

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Je savais parfaitement que mon propos ne laissait refléter rien qui soit très bon, mais malgré tout, n’importe qui aurait pu laisser passer cela sans poser de question ou faire un scandale, n’importe qui sauf Brooke. Cette dernière me connaissait beaucoup trop pour que je lui cache quoi que ce soit. Il faut dire que cette fois-ci, je n’avais pas fait d’effort pour dissimuler mes tourments, mais comme si je venais tout juste de le réaliser, alors qu’en fait, je le savais depuis bien longtemps, Brooke ne me lâcherait pas tant qu’elle n’aurait pas toute l’histoire. Heureusement, elle ne me demanda pas directement ce qui ne tournait pas rond, se contenant plutôt de me prendre dans ses bras. Ça, au moins, je sus le lui rendre, profitant également de son étreinte pour me donner un peu de réconfort et de courage. Maintenant que j’étais persuadé que je n’aurais pas le choix de tout lui dire, il fallait que j’en trouve un peu, de courage, parce qu’elle serait la première à qui j’en parlerais. Cependant, j’eus à peine le temps de rassembler ma motivation et mes mots que Brooke me prenait de court en me mettant la main aux fesses en faisant une blague qui, en temps normal, aurait tôt fait de me faire éclater de rire et me donner envie de me venger, mais cette fois-ci, ce ne fut malheureusement pas le cas. Gêné de mon propre comportement, je me grattai la nuque un instant, puis je soupirai lorsque Brooke me demanda d’être un peu plus réceptif. Un air légèrement piteux au visage, je dis : « Excuse-moi Bou’, c’est juste que… C’est dur. » « Bou », c’était ainsi que je l’appelais depuis que nous étions tout petits, et malgré mes tourments du moment, je ne perdais pas cette vieille habitude qui avait un petit quelque chose de rassurant en même temps. Puis, je soupirai, réalisant que tant et aussi longtemps que je ne me vidais pas le cœur, je resterais ainsi, je finis par lâcher : « Tu… Tu crois qu’on peut aller parler une minute ? »

Brooke & Mathys

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Malgré mon état qui laissait paraître une certaine détresse, je ne pus m’empêcher de faire un petit sourire lorsque Brooke me reprocha de ne pas prendre pour acquis que je pouvais tout lui dire. J’étais bien au courant que si je devais me confier à quelqu’un, c’était bien à elle. Depuis toujours, elle ne me jugeait pas, elle tentait toujours de me venir en aide, peu importe les problèmes que je pouvais avoir. Après, je n’avais jamais été du genre à chercher les ennuis de grande envergure, et j’ignorais comment elle allait réagir à ce coup là, un coup dur et surtout très choquant pour mon entourage. En effet, je ne m’étais jamais plaint que je n’étais pas bien en couple avec Erin. Je l’étais, même, sauf que j’avais eu cette révélation comme quoi ce que je vivais, ce que je pouvais ressentir avait quelque chose de superficiel, si je pouvais le dire ainsi.

Quoiqu’il en soit, je ne pouvais certainement pas revenir en arrière de quelconque façon. Je perdis mon sourire lorsque Brooke me demanda si c’était grave, ce que j’avais à lui dire. Grave pouvait prendre plusieurs définitions à ce stade-ci. Grave, pour certains, pouvait dire le décès d’un proche, un grave accident, quelque chose comme cela, mais dans mon cas, oui, je considérais qu’une telle rupture, surtout après huit ans, était relativement importante niveau gravité. Malgré cette conclusion, je ne la partageai pas à Brooke, et je me contentai d’inspirer et fermer les yeux, cherchant mes mots pour une dernière fois. Je ne pouvais plus reculer, il fallait qu’elle le sache, et elle allait m’en vouloir si je ne lui disais pas. De toute façon, ce n’était que la réalité, et il fallait simplement que je l’accepte, et surtout que j’apprenne à vivre avec. J’ouvris les yeux de nouveau, et je regardai ma meilleure amie dans les yeux, l’air grave, et je dis : « Erin et moi, c’est fini… »

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Mon premier réflexe lorsque j’eus lâché la nouvelle fut de pincer les lèvres et ne plus bouger, ne plus respirer, guettant la réaction de ma meilleure amie. En fait, je n’étais pas nerveux de la voir, cette fameuse réaction ; je savais parfaitement qu’elle serait étonnée, choquée de ce que je venais de lui dire. Après tout, elle ne pouvait pas s’y en attendre, à moins qu’elle ait surpris notre dernière dispute. Personne ne pouvait s’attendre à une telle rupture, même moi je ne m’y en attendais pas. Avant ce fameux soir, mon enterrement de vie de garçon, je pensais épouser Erin bientôt, un truc bien banal sur la plage, passer ma vie avec elle, peut-être lui fait des enfants si jamais elle en voulait. J’étais sur le point de passer ma vie à me plier à ses règles, à ses demandes, parce qu’apparemment, je ne savais faire que ça. Cette nuit m’avait ouvert les yeux, mais m’avait chamboulé en même temps, et à présent, il fallait que j’assume les conséquences de mes actes, incluant annoncer que j’étais de nouveau célibataire après huit ans à mes proches, Brooke la première.

C’était probablement cela qui me rendait le plus anxieux, le fait que je doive le dire, et qu’éventuellement je doive annoncer que c’était ma faute, entièrement ma faute. Brooke allait-elle me juger ? Me le reprocher ? Me dire que je n’étais qu’un crétin ? Elle aurait parfaitement le droit, nombreuses gens pourraient penser la même chose, et je ne lui en voudrais pas, même si elle avait toujours été ma première confidente, mon amie la plus proche. Toutefois, je n’en étais pas à lui expliquer les circonstances de la rupture. J’en étais à attendre que le choc soit passé, que Brooke réagisse, fasse ou dise quelque chose, n’importe quoi. Ce qu’elle choisit de faire en premier, ce fut de me prendre dans ses bras pour me faire un câlin. Tout en lui rendant son étreinte, je ne pus m’empêcher d’avoir un sourire au coin des lèvres. Je la serrai un peu plus contre moi, sentant que c’était plutôt elle qui avait besoin de réconfort contrairement à moi. Outre le fait que j’étais légèrement désorienté, peu habitué à n’avoir rien ni personne pour dicter ma conduite, tout se passait plutôt bien, comme je l’affirmai à ma meilleure amie en lui disant : « T’inquiète pas pour moi… Ça va. C’est juste que… Ça fait étrange, c’est tout… »

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Je levai furtivement les yeux au ciel lorsque Brooke me dit que je n’allais pas bien, comme si elle venait tout juste de le décider, ou bien qu’elle lisait dans mes pensées. Toutefois, je ne savais pas comment lui dire, comment expliquer la situation, comment je me sentais réellement. Oui, je n’allais pas nécessairement bien, mais pas dans le sens où j’allais me rouler en boule sur un canapé, manger de la glace et me morfondre constamment. Je n’allais pas bien surtout pour Erin, parce que même si entre elle et moi, ça ne marchait pas tant que ça depuis un moment, il n’en restait pas moins que je l’appréciais, qu’elle avait été ma petite-amie, ma fiancée pendant huit ans, et que je me sentais, par conséquent, assez horrible de lui imposer une telle chose. Toutefois, je me disais que c’était peut-être le mieux pour nous deux, que nous allions finir par trouver une meilleure personne qui nous permettrait d’être réellement heureux, et non pas un couple monotone qui finit par se lasser l’un de l’autre au bout d’un an de mariage. C’était assez compliqué, à vrai dire, et je fus plutôt soulagé qu’au bout du compte, Brooke ne me demande même pas de lui expliquer tout cela, parce que je ne me serais pas vu le faire. Même si ce me fut difficile à faire, je préférai sourire à Brooke lorsque celle-ci me menaça de me suivre, espérant au fond de moi qu’elle ne le ferait pas, malgré le fait qu’elle en serait bien capable. Je ne voulais pas qu’elle découvre que pour le moment, mon logement consistait à squatter le canapé d’un de mes amis, n’ayant pas les moyens de me procurer un appartement quelconque pour moi. Parfois, je me disais même qu’il faudrait peut-être que je propose à Camille de faire une colocation, mais je me voyais mal faire une telle demande, surtout en ce moment, surtout alors que je ne savais pas du tout ses intentions, ses désirs, et ayant déjà l’impression d’être de trop pour le moment, malgré le fait que la situation était temporaire. J’espérais simplement que le simple « Tu ne trouveras rien d’intéressant, de toute façon. » et le sourire en coin un peu moqueur qui suivit serait suffisant pour convaincre Brooke de ne pas mettre son plan à exécution. Ce n’était pas que je ne l’aimais pas, mais pour tout dire, je préférais quand je n’étais pas espionné, que j’étais capable de prendre mes propres décisions, et passer du bon temps, comme ma meilleure amie tentait de m’en faire passer actuellement. Oui, elle tentait quand même, et c’était plutôt adorable de sa part. Le moindre que je pouvais faire dans ce cas, c’était tenter de me montrer un peu plus réceptif, ce que je m’efforçai de faire lorsqu’elle me sauta de nouveau dessus, histoire de me faire perdre l’équilibre. Cette fois-ci, je ne me laissai pas faire ; je pivotai, puis je me débattis de sorte à ce que finalement, ce soit Brooke qui se retrouve dans mes bras, un bras sous des genoux, l’autre sous ses bras. Après avoir lâché un « Je te tiens ! », je commençai à avancer un peu plus dans l’eau, puis je dis : « Alors, tu demandes pardon ou bien je te lance à l’eau, ton choix ! » Mon sourire s’élargit alors, tandis que j’attendais de voir ce que ma meilleure amie allait faire, bien qu’il n’y avait pas une tonne de solutions qui s’offraient à elle, compte tenu de la position dans laquelle elle venait de se mettre. Préoccupé ou pas, il ne fallait pas me chercher, c’était comme ça.

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Bien que Brooke se débattait dans mes bras, il n’était pas question que je la laisse s’en sortir aussi facilement. Ce n’était pas par méchanceté, bien loin de là, c’était plutôt parce que je savais parfaitement, ou du moins, mon subconscient le savait, d’une certaine façon, que si je lâchais prise, je retomberais bien rapidement dans des pensées moins joyeuses. En ce moment, je me concentrais de façon exclusive, si le mot pouvait s’appliquer dans la situation présente, à ce qui se passait actuellement, m’assurant que Brooke n’allait pas l’avoir facile. Je ne voulais pas que ce soit simple pour elle, sinon ce ne serait pas drôle. Toutefois, elle se débrouillait plutôt bien pour gagner, jusqu’à un moment précis où elle cessa de se débattre, et je me retrouvai à la regarder dans les yeux, toujours tout sourire. Par ce sourire, je lui fis comprendre qu’elle avait gagné; elle avait réussi à me changer les idées, et je lui en étais particulièrement reconnaissant. J’espérais simplement avoir réussi à faire passer le message sans rien dire à cet instant précis, bien que ça, je ne pourrais pas le savoir, puisque quelques secondes après, Brooke revint à la charge. Alors que je croyais qu’elle avait pris une pause parce qu’elle était épuisée, je me rendis compte que je me trompais grandement, et que là, elle sortit probablement sa « pire arme », soit me mordre le bras. Surpris de la voir prendre des techniques aussi… cannibales, je poussai un cri d’étonnement, puis lorsqu’elle me dit qu’elle n’allait pas bouger de là, ce fut plus fort que moi; je lâchai un « Depuis quand c’est toi qui décide !? Allez, aurevoir ! » Sur ces mots, je pris toutes les forces que j’avais, puis je lâchai mon amie, la balançant dans l’eau en m’assurant que ce soit assez profond pour qu’elle ne se fasse pas mal.

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Ma première réaction en voyant Brooke tomber dans l’eau comme une grosse roche qu’on lance pour faire des éclaboussures, ce fut d’éclater de rire, purement et simplement. J’éclatais d’un rire cristallin, heureux, et peut-être un peu moqueur. Parce que oui, la situation était très drôle, il fallait l’admettre, mais en même temps, ce rire n’était pas entièrement dirigé vers ma meilleure. C’était également un rire libérateur, qui me défoulait, parce que même si Brooke tentait de m’amuser, de me changer les idées depuis que nous nous étions croisés sur cette plage, il n’en demeurait pas moins que c’était la première fois depuis très longtemps que je n’avais pas ri aussi sincèrement, et pour tout dire, cela me faisait du bien. C’est pourquoi je n’eus pas l’intention de m’arrêter, même si mon amie prétendait se noyer. Je savais parfaitement qu’elle ne se noyait pas pour vrai, parce que même si je n’étais pas qualifié dans le domaine, j’étais assez qualifié dans le domaine Brooke Hetfield, et de ce fait, j’étais capable de savoir qu’elle était en train de prétendre une noyade. Par conséquent, je ne bougeai pas tout de suite, gardant un petit sourire et les bras croisés, lui faisant comprendre que je ne viendrais pas l’aider. Ça, c’est ce que je fis dans un premier temps, mais lorsqu’elle insista, me criant limite dessus qu’elle était soi-disant en train de se noyer, je pris un air faussement exaspéré, roulant les yeux au ciel de façon quelque peu exagérée, puis finalement, je me décidai à marcher dans sa direction, la reprenant dans mes bras pour la balancer tel un sac de patates sur mon épaule. Ainsi, je la transportai jusqu’à la plage, et je lui lâchai : « Non mais cesse ! Tu vas alarmer les maîtres-nageurs si tu continues à hurler ainsi ! » Limite, j’avais l’impression de parler à une gamine, mais Brooke pouvant être une gamine quand elle le voulait, ça ne faisait pas vraiment de différence. Enfin, la seule différence, c’était que contrairement à un parent exaspéré, je n’étais pas en train de rager, j’avais plutôt un sourire malicieux aux lèvres que mon amie ne pouvait pas voir pour le moment.

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Je ne m’inquiétai pas lorsque je ne sentis pas Brooke remuer sur mon épaule, même si le fait qu’elle ne s’aidait pas la rendait plus lourde à transporter. Je savais parfaitement qu’elle ne s’était pas noyée, et si elle avait pris un coup de chaleur, alors elle s’en remettrait une fois que je l’aurais déposée par terre. Pour cela, il faudrait que je me rende jusqu’à la plage, et ça, ce n’était pas gagné. Pour une des premières fois de ma vie, je remerciais mon métier, le fait de devoir porter un costume d’au moins vingt kilos à chaque jour me servant à me faire des muscles sans que je sois obligé de faire des exercices à côté, comme je pouvais m’en rendre compte à cet instant précis.

Toutefois, cela ne voulait pas dire que j’étais Monsieur Muscle à tout épreuve, et je ne sus cacher le fait que j’étais soulagé que Brooke se laisse tomber sur le sable une fois que nous eûmes quitté l’étendue d’eau. Je ne soufflais pas comme un taureau sur le point de charger, mais je posai quand même mes mains sur mes genoux et j’inspirai profondément, histoire de reprendre mes forces et ne pas céder à l’envie de m’écraser sur le sol avec mon amie. Enfin, il est certain que j’aurais pu, mais je ne voulais pas rater le joli spectacle qu’elle m’offrait, à savoir ma meilleure amie écrasée sur le derrière dans le sable, constatant comme une vraie blonde, même si elle ne l’était pas, enfin, pas physiquement, qu’elle était tombée par terre. Il me fallut alors faire un effort limite surhumain pour ne pas commencer à rire, non pas parce que Brooke l’aurait mal pris, parce qu’après tout, c’était elle qui provoquait toutes ces stupidités, d’une certaine façon, mais plutôt parce que je préférais de loin poursuivre ce petit jeu, parce que si j’en sortais, alors mes pensées changeraient aussi, et je voulais faire un effort pour que ce ne soit pas le cas. De ce fait, je fis mon possible pour garder mon sérieux, histoire de lui dire : « Oui, tu es tombée, Kiki. » Je pinçai les lèvres, toujours dans le but de ne pas montrer mon amusement, et j’ajoutai : « Et tu sais quoi ? Tu auras plein de sable collé aux fesses. », hochant positivement la tête comme si je voulais ajouter « Eh oui, c’est vrai », mais je savais que mon amie était déjà au courant, et c’est à cet instant que je me permis de faire un petit sourire pour conclure le tout.

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Apparemment, le fait d’être constamment occupé, de ne pas me poser de questions, tout simplement parce que je n’avais pas le temps de réfléchir, était tout à fait efficace dans mon cas. Tout ce que Brooke et moi venions de faire, ces jeux puérils, cette idée de la transporter de la mer jusqu’à la plage et lui dire qu’elle aurait du sable collé sur le derrière, comme si ce n’était pas déjà une évidence, m’avait permis de ne pas penser à quoi que ce soit d’autre qui aurait pu me tracasser, et de plus, j’avais eu l’occasion d’amuser – enfin, je l’espérais – ma meilleure amie m’avait permis d’oublier mes récents problèmes, ma rupture et tout ce qui venait avec. J’espérais sincèrement que cela allait continuer sitôt que je me serais installé dans le sable ave celle, comme elle me l’avait demandé. Je n’avais pas vraiment posé de questions à cet instant précis; j’avais simplement acquiescé à sa requête, m’asseyant à côté d’elle en me manquant pas de lui faire un câlin amical au passage. Cependant, sitôt que je fus assis, un léger silence s’installa, et soudainement, toutes ces pensées sombres qui m’accablaient depuis maintenant quelques jours. Ce fut alors plus fort que moi; soudainement, sans crier gare, sans même que j’y réfléchisse vraiment, je dis : « J’ai l’ai trompée. C’est pour ça qu’on est séparés. » Puis, comme si je venais de réaliser la portée de mes propos, je pinçai les lèvres, tentant de me rassurer en me disant qu’un jour ou l’autre, il fallait que Brooke le sache, et il valait peut-être mieux que ce soit moi qui le lui dise. Ensuite, maintenant que c’était dit, je la regardai, l’air vulnérable, prêt à me prendre une vraie raclée si l’envie lui prenait de m’en donner une. De toute façon, elle ne frappait pas assez fort pour vraiment me faire mal, quoique si jamais elle m’en voulait… Il valait mieux ne pas y penser pour le moment.

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Alors que je m’attendais à ce que Brooke crie au scandale, qu’elle me frappe, qu’elle me hurle dessus en me traitant de tous les noms, ce qu’elle aurait très bien pu faire, après tout, elle ne fit rien de tout cela. C’était à un tel point que pendant un instant, je me demandai si elle avait entendu ce que j’avais dit, ou bien si sa chute lui avait mis tellement d’eau dans les oreilles qu’elle en était devenue sourde. Légèrement nerveux, puisque je n’avais pas nécessairement envie de le répéter, et que je serais probablement incapable de le faire aussi directement que je ne l’avais fait quelques secondes auparavant, j’attendis encore un peu, et je la vis alors se redresser un peu afin de poser une main sur mon épaule, et tout ce qu’elle me dit, ce fut de ne pas y penser, mais pas du tout. Je fus légèrement perturbé par cette réaction; j’étais d’accord qu’elle voulait bien me changer les idées, mais je ne pensais pas qu’elle pousserait jusqu’à ce point. Je voulus alors lui répondre, lui demander pourquoi elle ne réagissait pas plus que cela, que ça ne lui ressemblait pas – même si au fond de moi, je lui étais reconnaissante de ne pas faire mon procès – mais sitôt que j’eus ouvert la bouche, aucun son n’en sortit, et je décidai de la refermer avant d’avaler une mouche quelconque. Je me retrouvai alors sans savoir quoi faire, avec une meilleure amie qui, à présent, me prenait dans ses bras pour me faire un câlin. Je lui rendis alors la pareille, ne pouvant faire autrement qu’apprécier ce geste de sa part, et tandis que je la gardais dans mes bras un moment, puisque je sentais que j’en avais besoin, je lui demandai : « Tu ne vas pas me faire la gueule à propos de ça ? On peut rester amis ? » avant de me décaler, la regardant avec un air de chien battu. Apparemment, j’avais besoin de m’assurer que sa réaction ne cachait pas quelque chose d’autre qui pourrait ressortir plus tard. Je voulais mettre ça au clair avec elle ici et maintenant, et surtout, ne plus revenir sur la question par la suite. Comme ça, je serais peut-être plus paisible, parce qu’une partie de moi regrettait d’avoir fait cela au risque de perdre mes proches, la première étant Brooke, qui était ma meilleure amie de toujours, après tout.